L’ONG alerte sur une nouvelle recrudescence de la violence contre les civils dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis le mois de janvier. Dans son dernier rapport paru ce lundi, l’organisation internationale de défense des droits humains appelle à poursuivre et à sanctionner les combattants auteurs de crimes contre les habitants.
Selon Human Rights Watch, dans ce conflit, les forces gouvernementales camerounaises, aussi commettent des « violations des droits humains ». Mais dans ce document, c’est sur les séparatistes que l’ONG se penche spécifiquement.
Depuis janvier 2022, leurs « combattants armés ont tué au moins sept personnes, en ont blessé six autres, ont violé une fille et ont commis d’autres violations graves des droits humains dans les régions anglophones », détaille le rapport de HRW publié ce 27 juin 2022.
La liste des actes violents est longue : attaques à Buea en marge de la CAN, agressions contre des élèves sur le chemin de l’école, contre le campus de l’université de Bamenda, enlèvements par dizaines, comme celui de la Sénatrice Elisabeth Regina Mundi ou encore incendies imputables aux séparatistes, avec celui de l’hôpital de Mamfe. La récente destruction de ce dernier a privé près de 85 000 personnes d’accès aux soins.
Human Rights Watch a partagé ses conclusions avec les représentants des trois principaux groupes séparatistes, le porte-parole et le vice-président du Ambazonia Interim Government (Sako), Christopher Anu et Dabney Yerima, le chef de la défense des Forces de défense d’Ambazonie (ADF), Capo Daniel ainsi que le président du Mouvement de libération du peuple africain, Ebenezer Derek Mbongo Akwanga. Seul Capo Daniel a répondu à Human Rights Watch.
Faire « cesser les exactions contre les civils »
« Nous avons formulé des recommandations concrètes aux dirigeants des groupes séparatistes : se conformer au droit international en matière des droits humains, ordonner à leurs combattants de cesser les exactions contre les civils », explique Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique centrale à Human Rights Watch.
« Une autre recommandation que nous avons formulée pour les leaders séparatistes est de publier des déclarations, de diffuser des brochures, des dépliants, des instructions pour leurs membres, leurs combattants, qui expliquent et approuvent la nécessité de respecter le droit international en matière de droits humains », continue Ilaria Allegrozzi.
Après cinq ans de violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’ONG demande aux partenaires régionaux et internationaux du Cameroun d’intensifier leurs appels au gouvernement pour qu’il rende des comptes et assure une meilleure protection des civils, mais également des sanctions ciblées, comme l’interdiction de voyager ou le gel des avoirs, contre les dirigeants séparatistes qui portent la responsabilité d’exactions contre les civils.
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