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Patrice Lumumba: retour à Shilatembo, le site du dernier jour

Une dernière halte en province pour la dépouille de Patrice Lumumba : après le Sankuru et Kisangani, la délégation s’est rendue à Lubumbashi puis Shilatembo, dans le Katanga, où le Premier ministre congolais a trouvé la mort en janvier 1961.

Une nouvelle fois, c’est avec les honneurs militaires que le cercueil a été accueilli à son arrivée à Lubumbashi, a constaté notre envoyée spéciale à Shilatembo, Paulina Zidi. Halte rapide avant de prendre la route de Shilatembo, à 50 kilomètres, l’endroit où Patrice Lumumba a été assassiné, le 17 janvier 1961.

Et ces cérémonies touchent particulièrement le professeur Célestin. Cet habitant de Lubumbashi est originaire de la même région du Sankuru que le héros national.

« On est très ému de voir sa dépouille passer là où il a été éliminé. Il est né ailleurs et on l’a achevé ici. Pour nous, c’est un moment extraordinaire, avec une signification immense. »

De nombreux témoignages et des offices religieux accompagnent cette nuit de deuil dans le Katanga. La dépouille prendre ensuite la route ce lundi pour Kinshasa et la dernière partie de ces funérailles. Une arrivée dans la capitale qui va coïncider avec le début des trois jours de deuil national.

► À lire aussi : De la prison au mythe: à Kisangani, la famille de Lumumba sur les traces de son combat politique

Un site mémoriel restauré

Sur le site de Shilantembo, est exposée une épave de l’avion DC -3 repeint en blanc, a constaté notre envoyée spéciale sur place Denise Maheho. C’est un appareil identique à celui-ci qui avait transporté Patrice Lumumba au Katanga 1961. Juste en face, trône une imposante statue d’environ 4 mètres de haut, entièrement restaurée avec des matériaux plus durables, comme l’explique Alain Mbuyu, le sculpteur : « Nous avons refait complètement la statue de Lumumba car l’ancienne avait des imperfections. Celle-ci est faite en poussière de marbre mélangée avec de la colle. Elle a été ensuite plastifiée avec du bronze. Sa durée de vie est de 100 ans. »

Non loin de là, un grand mausolée de plus de 200 m² a été édifié. C’est ici qu’est exposé le cercueil contenant la relique de Patrice Lumumba. Sur le site se détachent aussi deux socles sur lesquels vont être posés les bustes de Mpolo et Okito, les deux compagnons de l’ancien Premier ministre. Pour Chrisnovic Balanganayi, conseiller à la présidence qui suit les travaux, cet événement c’est l’occasion de tirer les leçons de l’histoire.

« Lumumba au Katanga, c’est le moment de faire passer un message de paix et de réconciliation entre les peuples. Parce qu’il y a une communication qui a été faite il y a des années qui accusaient les Katangais d’avoir tué Lumumba. Mais aujourd’hui, la réalité est toute autre. »

La restauration du site mémoriel de Lumumba aura duré près de cinq ans. Ici, les jeunes Congolais n’oublient pas la fin tragique du héros de l’indépendance  

Dans l’ombre du héros, les deux compagnons martyrs

Un deuil national pas forcément bien vécue par tout le monde. Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba n’était pas seul à mourir. Ce jour-là, ses deux compagnons ont été également assassinés par les mêmes personnes et de la même manière dans l’ex-province du Katanga. Joseph Okito était président du Sénat et Maurice Mpolo, ministre de la Jeunesse et chef d’état-major de l’armée congolaise.

► À lire aussi : notre rétrospective «Patrice Lumumba, une indépendance assassinée» (janvier 2021)

Aujourd’hui, leurs familles se sentent exclues de la cérémonie du deuil national qu’elles espéraient pourtant pouvoir, elles aussi. 

Au bas d’un imposant immeuble qui s’élève le long du boulevard du 30 juin, Maurice a aménagé un bureau pour la Fondation Maurice Mpolo, son homonyme et grand-père. Le regard perçant, il feuillette les photos en noir et blanc et les commentent avec passion et fierté. Il espérait que sa famille serait également au cœur des hommages que la nation organise. « Nous ne comprenons pas cette volonté du gouvernement de ne vouloir accompagner qu’une seule famille et de laisser les deux autres », lâche-t-il au micro de notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi.

Ses parents aimeraient aussi tourner la page d’un deuil qui n’a que trop duré. « Moi, je suis petit-fils. Mais mes parents sont encore là. Je vois la douleur qu’ils ressentent à l’heure actuelle. C’est comme si on remuait encore le couteau dans la plaie, ça fait très mal. ».

Il pensait aussi que les destins de ces trois hommes seraient liés jusqu’à ces hommages, et attendait un geste de la part de l’État. « De façon symbolique, mettre en exergue deux cercueils avec leurs images, ça aurait été une image forte non seulement pour la famille, mais aussi pour la nation. »

Entre-temps, Maurice Mpolo a de grands projets pour la mémoire de son parent. À travers la fondation dont il est le président, il compte notamment mettre en place un musée virtuel, organiser des symposiums et autres activités sur le combat des pères de l’indépendance congolaise.

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