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Nigeria: les 20 000 expulsés de Port-Harcourt réclament justice

Au Nigeria, plusieurs quartiers pauvres de la ville de Port-Harcourt ont été détruits, le 29 janvier dernier. Dans son discours de nouvelle année, le gouverneur local avait accusé ces communautés construites au bord de l’eau d’être des repaires de criminels. Quelques semaines plus tard, leurs habitants ont été expulsés sans préavis, leurs maisons réduites en miettes par les pelleteuses

Appuyé sur sa canne, Chief Stand Fast Jack Okorienama fait bonne figure, malgré le choc. Fin janvier, ce vieil homme de 92 ans a perdu la maison dans laquelle il habitait depuis 1977 lorsque son quartier d’Urualla a été réduit en miettes.

« Quand ils sont venus pour tout détruire, j’étais en voyage. Quand je suis revenu le 31 janvier, il n’y avait plus rien. Toutes mes propriétés ont été détruites, la citerne, le puit que j’avais fait construire. C’était une grande propriété, bien organisée. Regardez, ça allait de là jusqu’à la mangrove ! Aujourd’hui, c’est uniquement grâce à l’aide de mes enfants que j’ai un toit sur la tête. »

Les habitants des dix communautés rasées sans préavis sont dispersés un peu partout autour de la ville pétrolière de Port-Harcourt. D’autres sont retournés dans leur village. Certains qui n’avaient nulle part où aller, sont restés sur place et vivent au milieu des décombres.

C’est le cas de Livingston et de ses deux frères qui vivent à l’abri d’une bâche, juste à côté de leurs bateaux de pêcheurs. « Nous continuons à pêcher, mais comme tout le monde est parti, nous avons du mal à vendre et c’est devenu très dur de gagner de l’argent. Le gouvernement ne nous a même pas prévenus que nous devions partir. Ils sont venus et on n’a pu sauver que quelques affaires dans la panique, raconte-t-il. On aurait dit que c’était la guerre ! Maintenant, les gens qui vivaient ici sont tous dispersés. »

L’organisation Justice & Empowerment Initiatives a engagé une action en justice, pour tenter d’obtenir compensation pour ces expulsions qui ont eu lieu en dehors de tout cadre légal, selon ses avocats.

« L’affaire a été portée devant le tribunal. Vous savez, c’est la dernière solution pour être entendu, se désoleBarika Nwideezua, l’un des leaders de la communauté d’Egede. Il n’y a plus grand-chose d’autre à faire. Mais si Dieu le veut, nous espérons obtenir justice ! »

Dans les villes densément peuplées du Nigeria, les terrains urbains sont très convoités. D’autres expulsions de grande ampleur ont eu lieu par le passé à Port-Harcourt, sous prétexte de développement ou de lutte contre la criminalité.

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