Au Soudan du Sud, le Freedom Bridge a été inauguré dans la capitale, Juba, ce jeudi 19 mai. C’est le deuxième pont permettant de traverser le Nil dans tout le pays. Le premier, qui date de 1974, était souvent en réparation, forçant les conducteurs à patienter des heures pour passer d’une rive à l’autre. Finis donc ces embouteillages et cette ville « otage » du fait de n’avoir qu’un seul pont, par lequel transitent toutes les marchandises importées via l’Ouganda et le Kenya. Financé et construit par le gouvernement japonais (pour un coût de 120 millions de dollars), le Freedom Bridge a été officiellement ouvert à la circulation par le président Salva Kiir et son gouvernement, en présence d’un invité spécial : Raila Odinga, candidat à l’élection présidentielle au Kenya voisin, qui est aussi en charge des infrastructures pour l’Union africaine.
Avec notre correspondante à Juba, Florence Miettaux
Mark Opuot, agriculteur de 60 ans, doit traverser le Nil tous les jours pour accéder à sa ferme. Il se réjouit de voir enfin aboutir ce projet, retardé de cinq ans à cause de la guerre : « Ce pont va nous faciliter la vie en nous évitant les détours, en nous permettant par exemple d’accéder à l’hôpital directement quand on est malade. »
Une imposante structure en béton
L’ouvrage – imposante structure en béton renforcée par quatre arches en acier – est long de 560 m. Pour Raila Odinga, le Freedom Bridge est aussi un atout économique régional : « C’est une garantie importante pour le commerce et le développement économique du Soudan du Sud et de la communauté d’Afrique de l’Est. »
Pour cela, le candidat à la présidentielle kényane appelle les dirigeants sud-soudanais à mettre fin aux violences dans leur pays : « Je veux que vous vous parliez comme des frères et laissiez les fusils dans les casernes. Rien ne nous empêche de parvenir à une intégration de cette région d’Afrique de l’Est, et de réaliser les rêves des pères fondateurs de cette nation. »
« Entretenir ce cadeau »
Le président Salva Kiir déclare vouloir « fournir des services » aux citoyens de son pays, qu’il invite à « œuvrer à la paix », et à « entretenir ce cadeau qui leur a été fait » : « Ne conduisons pas dangereusement sur ce pont, car c’est notre nouvelle ligne de vie et notre passerelle vers la région ». Le gouvernement japonais a annoncé qu’un autre projet longtemps reporté serait terminé début 2023 : la mise en service de la distribution d’eau potable pour 400 000 personnes dans la capitale.
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