Après les violences anti-françaises qui ont émaillé la manifestation autorisée à l’appel du mouvement Wakit Tama, samedi 14 mai à Ndjamena (Tchad), notamment des drapeaux français brûlés et des stations d’essence de l’entreprise française TotalEnergies vandalisées et qui se sont poursuivies jusqu’à hier matin. Le Mouvement patriotique du salut, l’ancien parti au pouvoir et toujours très influent dans la transition, est monté au créneau. Il dénonce une petite minorité qui veut faire capoter la transition en créant et en entretenant un sentiment anti-français dans le pays.
Le Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti du président défunt Idriss Deby Itno, se dit consterné par les violences qui ont éclaté depuis le samedi 14 mai dans le pays. Il s’agit selon son porte-parole, d’une « manipulation » qui vise à mettre à feu et à sang le Tchad, une volonté de saboter « la politique de la main tendue » du PCMT Mahamat Idriss Déby, en tentant d’instrumentaliser un sentiment anti-français qui n’existe pas dans le pays.
Une « pure manipulation »
Pour Jean-Bernard Padaré, « il y a des gens qui veulent coûte que coûte qu’on n’arrive pas au dialogue national parce qu’ils n’y trouveront pas leur compte. Et c’est pourquoi ils font tout pour qu’un désordre s’instaure. Nous pensons que c’est une pure manipulation. Heureusement d’ailleurs, la plus grande majorité de Tchadiens n’ont aucun problème avec les Français. Cette minorité qui croit pouvoir s’inspirer de ce qui se passe dans certains pays qui ont une histoire différente de la nôtre. Dans très peu de temps, la majorité des Tchadiens s’élèvera pour manifester, pour dire non à ce que les gens veulent donner du Tchad comme image ».
Le porte-parole du MPS s’en prend également au président du parti des Transformateurs, Succès Masra, qui a accusé l’ancien président Idriss Déby Itno d’avoir « en partie nourri le sentiment anti-français » en son temps. « Inadmissible » pour Jean-Bernard Padaré qui dénonce une volonté de « salir la mémoire de feu le maréchal du Tchad ». Et il n’hésite pas à accuser à son tour Succès Masra d’être derrière les violences actuelles.
Trouble à l’ordre public, destruction des biens
C’est le 6 juin prochain que seront jugés les cinq leaders de la société civile arrêtés après les manifestations contre la France du week-end dernier. Me Max Loalngar, le porte-parole parole de la coalition Wakit Tama, est le dernier leader à être interpellé hier matin, indique notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako. Il a rejoint Gounou Vaiïma Ganfaré, Me Koudé Mbainaissem, Hissein Massar et Youssouf Korom. Les deux derniers ne sont pas membres de Wakit Tama, mais se sont joints à la manifestation du 14 mai. Selon des sources judiciaires, les cinq leaders d’opinion seront jugés entre autres pour trouble à l’ordre public, destruction des biens.
Réuni en assemblée générale extraordinaire hier après-midi, le Conseil de l’ordre des avocats a décidé de suspendre ses activités jusqu’au 6 juin si les personnes arrêtées ces jours-ci ne sont pas libérées. Me Laguerre Djerandi, bâtonnier de l’Ordre des avocats : « Nous dénonçons les procédés utilisés pour mettre aux arrêts certaines personnes parmi lesquels nos deux confrères [Me Max Loalngar et Me Koudé Mbainaissem]. Nous dénonçons également la manière de procéder du parquet en ce qui concerne l’appréciation de la flagrance, l’opportunité de poursuivre, la considération de l’avocat. Et c’est pour tout cela que nous avons décidé de cesser toutes les audiences dès le mercredi 18 mai 2022 et ce, jusqu’à la libération de nos confrères ».
Perte de plus de cent de millions de francs CFA
Au cours d’un point de presse lundi, le pétrolier français TotalEnergies, principale victime des actes de vandalisme causés par les manifestants, a annoncé une perte de plus de cent de millions de francs CFA ayant entraîné la mise au chômage d’environ 150 employés. Il indique avoir déposé plainte contre X.
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