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Au Sénégal, lancement des transferts monétaires exceptionnels pour les plus démunis

Customers pass in front of an "Orange Money" booth, on July 7, 2015 in Ouakam, a suburb of Dakar. These booths run by the Sonatel Group and owned 42% by France Telecom, are used to transfer money by telephone and are installed around Senegal. They have created jobs for the youth and have been received enthusiastically by users. AFP PHOTO / SEYLLOU / AFP PHOTO / SEYLLOU

Le président Macky Sall a lancé mardi 10 mai un programme qui accorde 80 000 FCFA (l’équivalent de 120 euros) à chacune des quelque 543 000 familles vulnérables répertoriées. L’opération vise à soulager les plus démunis face à la hausse des prix, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la pandémie de Covid. Une réponse d’urgence, mais qui a aussi ses limites selon certains économistes.

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

En 2020 en pleine pandémie de Covid, le gouvernement avait lancé une distribution de kits alimentaires : sacs de riz, paquets de sucre ou encore bidons d’huile. Cette fois, il s’agit d’un transfert de cash via téléphone mobile. Les ménages bénéficiaires, identifiés en amont par des comités locaux, sont inscrits au Registre national unique. Une opération dans le cadre d’une politique « volontariste d’inclusion sociale », selon le président Macky Sall.

« L’objectif est de donner 80 000 francs par ménage et à améliorer ainsi leur niveau de consommation et l’éducation de leurs enfants. Nous avons réussi ce pari grâce à un montage financier innovant en matière d’assistance sociale et de solidarité nationale. »

Il s’agit d’une approche « ciblée et efficiente » selon le directeur des opérations de la Banque mondiale, principal partenaire financier du programme. Pour Nathan Belete, il permet à chaque famille bénéficiaire « de répondre à ses besoins particuliers, en faisant des achats auprès de commerçants et en dynamisant l’économie locale ».

Une aide directe, mais dont l’efficacité n’est pas garantie, estime l’économiste Souleymane Astou Diagne : « Ce mécanisme ne permet pas au gouvernement de s’attaquer aux maux de l’économie sénégalaise. aujourd’hui, le problème réel est celui de la productivité. Il y a aussi une faiblesse des infrastructures, de capital humain, le manque de maitrise de l’eau et de l’énergie. Donc si cela peut soulager, cela ne règle rien. L’effet sera très éphémère. »

L’enseignant-chercheur s’interroge aussi sur « les motivations électorales » de l’opération, avant les législatives de juillet. Selon les autorités, les efforts du gouvernement ont permis un recul de 5% du taux de pauvreté.

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