Après plus de trois mois d’occupation, les rebelles tigréens du TPLF se sont retirés d’une majeure partie de la région Afar. Avant de partir, ils ont vandalisé cette province pourtant voisine du Tigré. Des établissements publics, des hôpitaux, des maisons ont été saccagés, des individus exécutés ou violés. Les deux communautés étaient pourtant proches jusqu’il y à peu et dépendaient l’une de l’autre. Aujourd’hui, la plaie est grande ouverte côté Afar et il faudra du temps pour la refermer.
Avec notre envoyé spécial à Erebti, Noé Hochet-Bodin
Mohammed Abdallah revient pour la première fois chez lui, dans sa ville natale d’Erebti. Il doit retourner tous les soirs à 100 kilomètres de là, à Afdera où sa famille est déplacée : « Moi j’ai perdu tout ce que j’avais. Nous avons tout perdu. Nous n’avons même pas d’endroit pour revenir dormir, car les soldats tigréens ont détruit nos maisons. »
« Ils sont trop imprévisibles »
Avant la guerre, comme beaucoup d’hommes d’affaires, il vendait ses marchandises des deux côtés de la frontière régionale, en Afar et au Tigré, distant de seulement 30 kilomètres d’Erebti : « Honnêtement, je ne pense pas qu’on pourra commercer comme avant vu comment ils se sont comportés ici avec nos familles, nos anciens et nos femmes. Ce sont nos voisins, mais on ne leur fera plus confiance. Ils sont trop imprévisibles. »
Lien cassé
Selon Abdusale Humo, membre de la commission de lutte contre la corruption en Afar, le lien est cassé entre les deux communautés : « Nous sommes très amers, car ils ont tué des civils, violés des femmes et volé des propriétés privées. Ce sera très difficile de revenir à des relations normales entre Tigréens et Afar. Pourquoi ? Parce que nous avons un sentiment de revanche. »
Quelques clans afars ont pourtant fait défection et ont rejoint les rangs tigréens.