La durée de la transition est-elle fixée une bonne fois pour toute, ou reste-t-elle à négocier ? Le Premier ministre de transition Choguel Maïga s’est montré à la fois ferme et ambigu, jeudi dernier. S’exprimant devant le Conseil national de transition, Choguel Maïga a annoncé deux années supplémentaires, sans réduction possible. Mais sans pour autant claquer la porte des négociations avec la Cédéao. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest n’a pas réagi à cette déclaration pourtant fracassante.
« Nous allons dérouler le programme sur 24 mois, annonçait Choguel Maïga jeudi, dès la semaine prochaine. » C’est-à-dire donc, à partir de ce lundi. Le Premier ministre de transition ne laisse plus place au doute : deux années supplémentaires, un délai « incompressible » pour poser les bases du changement.
Après avoir initialement proposé à la Cédéao une prolongation de la transition de cinq années, le gouvernement malien de transition estime avoir fourni sa part d’efforts, et ne plus pouvoir en faire davantage.
Pourtant, Choguel Maïga affirme aussi que les discussions avec la Cédéao se poursuivent. Mais dès lors, sur quelle base ? La Cédéao n’a pas réagi officiellement, ni répondu aux sollicitations de RFI.
Une visite du médiateur Goodluck Jonathan était envisagée la semaine dernière, elle n’a pas eu lieu, « pour un problème de date », assurent des sources diplomatiques. Un nouveau représentant spécial a en revanche pris ses fonctions. Mario Gomes Fernandes succède à Hamidou Boly, expulsé par les autorités maliennes de transition en octobre dernier. Bamako lui reprochait de chercher à déstabiliser la transition.
Aucune réaction officielle non plus du côté de l’Union africaine ni de l’Uemoa.
« Les déclarations du Premier ministre ne peuvent qu’envenimer une situation déjà difficile pour tout le monde, estime une source au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, difficile surtout pour le peuple malien. » Une allusion aux sanctions économiques imposées au Mali depuis janvier, afin de contraindre ses dirigeants à organiser des élections dans un délai maximum de seize mois.
« 24 mois c’est excessif », estime le chef d’un parti malien d’opposition, qui déplore notamment l’isolement diplomatique du Mali et les conséquences des sanctions sur l’Etat et sur la population. « Nous allons nous battre contre cette décision prise sans concertation avec la classe politique. »