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Kenya: dans le Turkana, la sécheresse entraîne l’insécurité alimentaire [2/5]

Fin février, l’Autorité kényane de gestion de la sécheresse s’inquiétait de voir la production de lait des animaux baisser de façon drastique, alors que c’est une des sources principales d’alimentation de ses communautés, notamment chez les enfants. Conséquence de ce manque de nourriture, selon l’agence gouvernementale, 3,1 millions de personnes ont un besoin urgent d’assistance alimentaire dans les territoires arides et semi-arides du Kenya. Une situation qui touche entre autres la région du Turkana.

De notre envoyée spéciale dans le Turkana,

Selina Ayanae a toujours un bébé dans les bras. La jeune femme a accouché il y a moins d’un an de deux jumelles… En pleine sécheresse, elle faisait face à des pénuries de nourriture. « Ce qui m’inquiétait le plus, c’était de ne pas pouvoir allaiter mes deux petites, et donc qu’elles-mêmes n’aient ensuite pas assez à manger », explique Selina. D’habitude, ces communautés parviennent à anticiper les périodes sèches en mettant des pâturages en jachères, ou en conservant de la viande séchée. Mais les réserves sont épuisées.

À côté de Selina, sa maman ne peut s’empêcher d’intervenir. « Face à cette sécheresse, il n’y a rien que l’on puisse faire », se désole-t-elle. « Il n’y a plus de pluies donc plus de verdure, pas de nourriture. Tout le monde ici est affaibli. Tout le monde est touché par la pauvreté. Je n’ai plus d’espoir. La seule chose qui nous permet de survivre, c’est l’aide du gouvernement. »

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Des distributions irrégulières

Les autorités kényanes organisent des distributions de nourritures ou d’argent. À Lodwar, la capitale du Turkana, il est habituel de voir les habitants faire la queue devant la banque principale. Mais les distributions sont irrégulières.

Napeyok Napetet a déjà reçu deux transferts de 50 dollars. Mais ce jour-là, elle sort bredouille. « Il n’y a rien sur la carte. Je comptais dessus, car je dois payer les frais scolaires de mes enfants. Et ce n’est qu’un problème parmi d’autres, il y en a tellement… La faim, les maladies, le manque d’eau… Ça se voit d’ailleurs : aussi bien les gens que les animaux sont complètement amaigris, car on n’a rien à manger », explique Napeyok Napetet.

Risque d’aggravation de la situation

En bordure de la ville, Ruth Kombe travaille dans un dispensaire. Ce manque de nourriture, elle en est témoin au quotidien. « On voit très clairement qu’il y a vrai besoin alimentaire. Les plus mal-nourris ce sont les enfants, surtout ceux qui viennent des communautés pastorales. Ça nous arrive régulièrement de voir des mamans arriver avec quatre enfants nous dire qu’ils n’ont pas mangé depuis deux jours », décrit-elle.

Les prix des produits de base, comme la farine de maïs, ont aussi augmenté, selon l’Autorité nationale de gestion de la sécheresse. Elle s’inquiète de voir la situation s’aggraver si les pluies n’arrivent pas rapidement et en quantité suffisante.

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