Cinq jours ont passé depuis la « trêve humanitaire indéfinie » décrétée par le gouvernement jeudi dernier. Cinq jours qui n’ont pourtant pas vu un seul camion d’aide entrer au Tigré, ni un vol atterrir à Mekelle, la capitale de l’État en guerre. Et désormais, ce sont des mouvements militaires qui attirent l’attention des observateurs.
Rien n’avait été préparé pour cette « trêve », qui a pris les médiateurs africains du conflit et les agences humanitaires par surprise. Sur les 700 camions qui seraient nécessaires quotidiennement pour la survie des Tigréens, pas un n’a d’ailleurs fait mouvement. Toutes les routes d’accès à la province sont encore bloquées.
En réalité, il semble que la situation soit plutôt proche du statu quo. L’institut d’analyse Eurasia Group évoque, lui, un « exercice de reconstruction de la confiance » entre les belligérants, dans un contexte toujours très tendu.
Mouvements militaires « très inquiétants »
L’Éthiopie a en effet exigé, avec la trêve, le retrait des combattants tigréens des territoires amhara et afar, où rien de tel ne s’est produit et où les accrochages ont continué. Et les Tigréens, de leur côté, ont dit accepter le cessez-le-feu avec prudence, uniquement pour que l’aide alimentaire atteigne le Tigré, ce qui n’a pas été le cas. Et ils ont par ailleurs souligné l’urgence de rétablir le téléphone et les services bancaires.
Du reste, ce sont plutôt une trentaine d’autobus chargés de renforts en soldats qui ont été repérés faisant mouvement sur la route menant au Tigré par le sud ces derniers jours, faisant craindre une reprise des hostilités. « J’ai été peut-être trop optimiste ou trop rationnel » en mettant de l’espoir dans la trêve, ironise d’ailleurs le chercheur indépendant René Lefort, soulignant que les mouvements militaires observés étaient « très inquiétants ».