À Madagascar, la compagnie de théâtre contemporain Miangaly clôture son « Rallye mois théâtre » en plein centre de la capitale, Antananarivo. Contes malgaches racontés sur scène, performances de jeunes acteurs et improvisations en interaction avec les spectateurs… Des représentations gratuites qui ont conquis le public et contribuent à démocratiser cet art.
De notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain
Au Tranompokonolona, une salle de théâtre située au milieu du marché d’Analakely, quartier animé de la capitale, les spectateurs venus en nombre débordent d’enthousiasme. Sur scène, les comédiens improvisent. Hary est étudiant en géographie.
« Ils nous font rire. Ils dansent. Il y a beaucoup d’ambiance et c’est très intéressant. C’est rare de pouvoir aller au théâtre comme ça à Madagascar. J’ai vu que c’était gratuit et ça m’a incité à venir voir ce que c’est le théâtre. Je voulais découvrir quelque chose de nouveau et ça m’a même donné envie d’en faire », constate-t-il.
Ces performances en malgache et en français ont attiré amateurs et novices. Noro, 54 ans, couturière, a l’habitude d’écouter du théâtre radiophonique. « Ça fait des années que je ne suis pas allée au théâtre. Dans le passé, j’ai vu des opérettes malgaches traditionnelles, mais c’est la première fois que je viens voir ce genre de théâtre et je suis vraiment étonnée. Je me suis dit « waouh, c’est formidable ! » On est en contact direct avec la scène et on vit le théâtre. Si ça avait été payant, j’aurais hésité parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Maintenant, je me demande où il y a un autre théâtre comme celui-là pour emmener mes proches. J’ai vu que c’était très bien et même si c’est payant, je reviendrai. »
Un public qui a soif de ces moments-là
Pendant un mois, les membres de Miangaly Théâtre sont partis à la rencontre de leur public. Fela Razafiarison est comédienne et metteuse en scène au sein de la compagnie. « Plus que jamais, on doit remettre l’art et la culture à la place qu’ils méritent. La situation n’est pas facile en ce moment. Nous avons un public qui a soif dans son corps, dans son cœur à s’ouvrir et à vivre des moments avec d’autres personnes, des moments uniques et c’est pour ça aussi que l’art est là. Dans un pays comme Madagascar, où l’environnement n’est pas forcément fait pour que la pratique des arts soit quelque chose de tout de suite accessible, c’est important qu’il y ait des événements qui soient aussi libres d’accès. Pour que les gens puissent savoir ce que c’est ! »
Ces initiatives ouvertes à tous ont besoin de plus de soutien, estime la metteuse en scène. « Les bâtiments de théâtres sont très peu nombreux à Madagascar. Beaucoup de ces établissements ne sont même plus des théâtres, mais sont utilisés pour autre chose. L’art a plus que jamais besoin qu’on le soutienne, qu’on le relève, poursuit-elle. Nous avons fait le choix de faire du théâtre dans les lieux qui veulent bien nous ouvrir leurs portes et où nous pouvons faire connaitre le théâtre parce que c’est un art très peu connu. Il faut aussi beaucoup de partenaires. Il y en a, mais pas encore assez et nous faisons des efforts pour en trouver et nous aider à mettre en place ce genre d’évènements. »
La compagnie Miangaly Théâtre, fondée il y a 35 ans par l’écrivaine et femme de théâtre Christiane Ramanantsoa, s’est aussi donné pour mission de transmettre cet art et organise régulièrement des ateliers de formation.