Conséquence de la guerre en Ukraine… « Le blé et les autres céréales sont de nouveau au cœur de la géopolitique, constate 24 Heures à Dakar. L’Ukraine et la Russie jouant un rôle majeur sur le marché agricole mondial, les dirigeants africains doivent rester attentifs. »
En effet, précise le quotidien dakarois, « La Russie fournit environ 10% du blé mondial, tandis que l’Ukraine en produit 4%. Collectivement, cela représente presque la totalité de la production de blé de l’Union européenne. »
Et une grande partie de ce blé est exporté vers l’Afrique. Et attention, prévient 24 Heures, « l’interruption des échanges commerciaux, en raison de l’invasion, dans cette importante région de production céréalière de la mer Noire contribuerait à faire grimper à l’international les prix des produits agricoles de base, avec des répercussions négatives potentielles sur les prix des denrées alimentaires dans le monde (et notamment en Afrique). »
D’ailleurs, note le quotidien dakarois, « une augmentation des prix des matières premières était visible quelques jours seulement après le début du conflit. (…) Cette situation est donc préoccupante pour le continent africain, grand importateur de blé et d’huile de tournesol. Qui plus est, des inquiétudes liées à la sécheresse sont exprimées dans certaines régions du continent. »
28 millions de victimes potentielles
« Le spectre de la famine rode en Afrique de l’Ouest », n’hésite pas à titrer Aujourd’hui à Ouagadougou. « Une dure disette menace l’Afrique, notamment dans sa partie sahélienne, affirme le quotidien burkinabé. Selon les estimations de la CEDEAO, 28 millions d’âmes pourraient être les victimes collatérales en matière alimentaire de la guerre Russie-Ukraine. (…) L’Afrique est, certes, très éloignée de cette guerre, mais voilà, dans ce monde-village, tout est imbriqué, soupire le quotidien ouagalais, et l’Afrique qui n’a pas encore gagné la bataille contre la faim, subira le contrecoup de cette bataille si lointaine et si proche. (…) Ces difficultés seront palpables au niveau des prix des engrains et des céréales, blé et maïs, indispensable pour le pain ou encore pour nourrir les volailles. »
Inflation galopante
Première conséquence de cette guerre en Ukraine : la hausse des prix…
C’est ce que constate Le Point Afrique qui prend justement l’exemple du Burkina Faso. « À mesure que les jours passent, l’écart se creuse entre le pouvoir d’achat des Burkinabè et les prix de certains produits de grande consommation qui connaissent une flambée. Comme les céréales, les produits maraîchers, l’huile ou encore la viande. Une flambée des prix qui s’explique aussi par l’insécurité qui règne dans le pays, notamment dans la Boucle du Mouhoun, dans le nord-ouest, considérée comme le grenier du Burkina. »
Carburants : les prix explosent
Une hausse des prix constatée également sur le carburant, comme partout dans le monde… Exemple, au Maroc, où « le gouvernement va subventionner les routiers devant la flambée du gazole », constate Le Monde Afrique . « L’ensemble des transporteurs (marchandises, voyageurs, taxis, etc.) devrait bénéficier de l’aide gouvernementale. Plusieurs syndicats du transport routier avaient observé une grève de cinq jours la semaine dernière, exigeant le plafonnement du tarif des carburants et des marges des distributeurs d’hydrocarbures. L’escalade des prix ne touche pas que les carburants, note encore Le Monde Afrique, mais aussi des denrées de base, ce qui a provoqué des manifestations contre la cherté de la vie – pour l’instant éparses – à travers le pays. »
Des inquiétudes amplifiées par le ramadan…
Et le ramadan qui approche, dans 15 jours, accroît encore l’inquiétude… C’est ce que pointe le quotidien Liberté à Alger : « comme souvent en pareille période, à quelques jours du début du mois sacré, les Algériens, de crainte probablement d’une éventuelle flambée des prix et de l’éventuelle indisponibilité de certains produits, les Algériens se ruent sur les produits de large consommation, particulièrement les plus prisés pendant ce mois, tels que la semoule, le boulgour, les raisins secs, la farine, le beurre, etc. Une frénésie qui risque de profiter aux spéculateurs et de provoquer des pénuries. »
Pour sa part, l’Union générale des commerçants et artisans algériens se veut malgré tout rassurante, relève le site Maghreb Emergent : « les stocks de céréales de l’Algérie sont suffisants pour couvrir la demande jusqu’à fin de cette année, assure le syndicat, ajoutant que même les prix ne seront pas affectés par la crise ukrainienne, et ce, en raison des commandes passées par l’Algérie avant le déclenchement de la guerre, et acquises à bas prix. »
Un optimisme qui reste à vérifier sur les étals des marchés…