En Gambie, le nombre de déplacés et de réfugiés continue de grandir après le début dimanche 13 mars d’une opération militaire sénégalaise d’envergure au nord de la Casamance. Depuis le weekend, de nombreuses communautés accueillent des personnes qui ont fui les détonations et coups de feu, notamment à Bujingha, dans le district de Foni, du côté gambien de la frontière.
Avec notre envoyé spécial à Bujingha, Milan Berckmans
À quelques kilomètres de Bwiam, au sud de la Gambie, le petit village de Bujingha accueille depuis samedi 12 mars une centaine de personnes déplacées en provenance de quatre villages proches de la frontière.
« Qu’est-ce qu’on attend ? »
Tuti Jammeh, jeune femme déplacée du village de Karrol, est en train de mélanger le riz dans une grande casserole pour la plupart des personnes qui ont fui : « Samedi, aux alentours de 2 heures, on a vu les gens des villages alentours passer avec leurs affaires près de chez nous. À ce moment on était en train de préparer le repas. Donc quand on les a vu, j’ai dit à mes beaux-parents : « qu’est-ce qu’on attend ? » », raconte-t-elle.
Dans ce village, les personnes déplacées dorment dans une salle commune, à même le sol. Mais, comme l’explique Tuti, tout est prêt pour prendre la fuite, à nouveau, si les combats continuent de se rapprocher : « C’est pour ça qu’on prépare notre repas très tôt pour qu’on puisse manger et ensuite attendre et se préparer. Si on entend d’autres bruits, différents des autres, on fera nos affaires et on ira vers un autre village. »
Une situation inédite
Pour le chef de son village, Ismaila Bojang, cette situation est inédite : « Je n’ai jamais vu ça par le passé, sous les précédents gouvernements. Le pays entier est en plein désarroi. »
Selon la Croix Rouge, qui apporte une aide logistique sur place, ils seraient déjà plus d’un millier à avoir quitté leur village autour de la frontière. L’organisation et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies aident les autorités gambiennes à réaliser une évaluation de la situation pendant deux jours. Jeudi, une réunion devrait avoir lieu entre toutes les parties pour mettre en place une stratégie d’aide aux déplacés et réfugiés.
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