Le Musée de la photographie de Madagascar, qui vient de fêter ses quatre ans d’existence, propose au public des expositions aux thématiques variées, régulièrement renouvelées. Aujourd’hui, ce musée privé détient plus de 20 000 clichés, papiers, sur plaque de verre, ou numérisés, les plus anciens datant de 1853, date des prémices de la photographie sur l’île. L’institution doit cette richesse de documents historiques essentiellement à des particuliers désireux de partager leurs trésors familiaux.
De notre correspondante à Antananarivo,
« C’est incroyable ! La photo a 50 ans et on croirait qu’elle a été prise aujourd’hui », s’exclame Tsiory Randriamanantena, le directeur du Musée de la photographie de Madagascar. Il découvre avec enthousiasme la trentaine de diapositives que lui présente Mondane, une Française arrivée il y a un an sur l’île. Comment savoir que la photo a cinquante ans ? Tsiory Randriamanantena repère tout de suite le détail qui frappe. « C’est au niveau des habillements. Tous les hommes portent le lamba et un chapeau », indique-t-il.
Les parents de Mondane ont vécu à Madagascar au début des années 1970, en pleine révolution étudiante et politique. Ces clichés pris par son père, Mondane les a découverts pour la première fois il y a quelques mois, rangés au fond d’un tiroir de la maison familiale.
« Ce ne sont pas des photos de “mes parents en vacances”, ce sont des scènes de vie à Madagascar. Et on s’est dit que si nous on était émus, ça allait certainement intéresser d’autres gens. Et que moi je n’avais aucun intérêt à garder ces diapos juste pour moi. Qu’il y avait un intérêt à partager. Il se trouve que j’ai entendu parler de la démarche du musée de la photo qui correspond exactement à ce que je souhaitais faire. De pouvoir partager ces témoignages, assez humbles, d’une époque d’il y a 50 ans à Madagascar. »
Une démarche essentielle
Une initiative effectivement très appréciée par le Musée de la photo, qui s’est constitué sa banque d’images uniquement grâce à la contribution d’institutions et de particuliers.
Évidemment qu’une démarche comme celle de Mondane est essentielle pour nous. Nous partons du principe qu’une image, ce sont des informations, des données historiques, nous prenons tout. Donc nous numérisons toutes les images qui nous sont apportées. Quelle que soit la période. Après, on est particulièrement preneur des photos qui datent d’avant les années 1960 pour des questions de valeur patrimoniale parce qu’on sait que la durée de vie moyenne d’une photo est de 100 ans et que par conséquent il y a une véritable urgence à les préserver par la numérisation.
Le nettoyage, la numérisation et l’indexation de chaque document iconographique prennent entre quinze et trente minutes aux cinq employés chargés de sauvegarder ces précieuses ressources. Aujourd’hui, le musée détient plus de 20 000 clichés, les plus anciens datant de 1853, au balbutiement de la photographie sur l’île.
Sécuriser l’utilisation des photos
Les contributions ne sont pas rémunérées, mais sont toutes contractualisées, afin de sécuriser l’utilisation des photos. Les termes du contrat sont décidés par le propriétaire de l’image. « C’est aussi un gage du musée envers le partenaire, on va correctement utiliser le fonds et on va dans la mesure du possible le mettre en valeur », souligne Tsiory Randriamanantena.
Une fois numérisées, les diapositives seront toutes rendues à leur propriétaire. Et seront identifiées sous l’appellation « Fonds Michel Mazuet », du nom du père de Mondane, devenu aujourd’hui le 35e fonds photographique du musée.