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À la Une: des africains victimes de racisme en Ukraine

An African woman is seen resting at the Medyka pedestrian border in eastern Poland on February 27, 2022. - As Ukraine braces for a feared Russian invasion, its EU member neighbours are making preparations for a possible influx of hundreds of thousands or even millions of refugees fleeing military action. (Photo by Wojtek RADWANSKI / AFP)

 

Notre revue de presse évoquait déjà hier, lundi 28 février, les craintes des autorités sud-africaines et nigérianes relatives au traitement réservé aux africains, refoulés à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Or, cette situation préoccupe de plus en plus sur le continent. C’est à lire notamment surAbidjan.net : l’Union africaine a donné de la voix « pour dénoncer les mauvais traitements infligés aux Africains ». Elle l’a fait après avoir déjà condamné l’invasion russe jeudi dernier, précise Seneweb. Le site sénégalais y voit une réaction « ferme » de Macky Sall, président en exercice de l’UA. Senenews nous dit également que Macky Sall « hausse le ton », aux côtés du président de la Commission de l’Union, Moussa Faki Mahamat. Les deux hommes se disent « particulièrement préoccupés », par le fait que les Africains feraient « l’objet d’un traitement différent inacceptable, choquant, raciste et qui violerait le droit international », peut-on lire. A cet égard, « ils exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale ».

Le cauchemar de deux sœurs rwandaises

Il y a aussi ceux et celles qui ne parviennent même pas à atteindre la frontière, et qui sont donc bloqués en zone de guerre. Au Rwanda,The New Times  livre un témoignage fort. Il raconte « la triste histoire de deux sœurs rwandaises », Emmanuella Kanyana et Aline Uwamahoro. Étudiantes, elles sont « coincées » dans la ville de Soumy. Nous sommes ici dans le Nord-Est de l’Ukraine, pour vous faire une idée, à moins de 50 kilomètres de la frontière russe, non loin de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays et théâtre d’intenses combats. Kanyana était venue rendre visite à sa sœur et s’apprêtait à retourner dans la ville de Lviv, « où se trouve sa propre université », lorsque les deux jeunes femmes ont été surprises par le début des combats jeudi dernier. Et depuis elles connaissent l’enfer : « Il était environ 4 heures du matin lorsque nous avons commencé à entendre des coups de feu et des explosifs », racontent-elles.

Dans l’enfer des bombes et du racisme

Quelques instants plus tard, elles reçoivent « un message troublant » de leurs professeurs, les informant que l’armée russe était entrée à Soumy. « Nous pensions que cela durerait peut-être un jour, mais cela a continué », témoigne Kanyana. « Le troisième jour, ils ont commencé à nous dire de nous cacher dans des sous-sols ou des abris » poursuit-elle. Avant de décrire « les crises de paniques » lorsque retentit la sirène alertant d’un bombardement, « les courses » incessantes entre la maison et l’abri anti aérien du voisin dans une cave. « La maison tremblait tellement, la terre nous tombait dessus et nous avions très peur », explique Uwamahoro. « Nous nous demandions si nous étions en sécurité dans ce sous-sol. C’était presque comme si cette maison allait s’effondrer sur nous ». Et puis impossible de partir : « Lorsque vous essayez de sortir de la ville, vous rencontrez des forces ukrainiennes ou russes et ils vous disent simplement de rentrer chez vous », dit-elle. En plus de cela, Uwamahoro craint justement « que certaines personnes racistes en Ukraine ne profitent d’une telle période de chaos pour maltraiter les Noirs ». « Nous avons des gens racistes ici. Et le plus drôle, c’est que beaucoup de gens ont reçu des armes pour combattre les Russes. Il y a donc aussi un risque de se faire tirer dessus par des racistes », affirme-t-elle. Oui, ça ressemble bien à un enfer !

Les enseignements de cette guerre

Outre les cas particuliers, la presse du continent tire des leçons de cette guerre. Avec ce conflit, « l’Afrique peut avoir un aperçu significatif de la concurrence entre les grandes puissances », analyse Le Mail and Guardian  en Afrique du Sud. Pour le journal, le continent peut ainsi tirer au moins trois leçons. Leçon diplomatique d’abord, car « ce que la crise ukrainienne a montré à l’Afrique, c’est que la Russie a toujours l’intention de rétablir sa domination de style colonial », lit-on. La Russie n’est donc pas un partenaire inoffensif, « poursuivant des objectifs altruistes » sur le continent. Non, elle mettra « ses intérêts nationaux au centre de sa politique étrangère en Ukraine et sur le continent africain », estime le Mail and Guardian.

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