En Tunisie, l’association des magistrats a repris sa mobilisation contre le président. Deux semaines après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature sur décret présidentiel, les juges ont manifesté de nouveau mercredi 23 février à Tunis pour dénoncer la mainmise du président sur la justice du pays, où le Parlement est gelé depuis juillet.
De notre correspondante à Tunis, Oumeima Nechi
Les magistrats tunisiens ne décolèrent pas. Ils sont quelques dizaines devant la cour de Cassation à protester contre le Conseil supérieur transitoire de la magistrature imposé par le chef de l’État, Kaïs Saïed. Le président de l’association des magistrats Anas Hmaidi appelle les juges du nouveau conseil à ne pas prendre leurs fonctions.
« J’en appelle à nos supérieurs, aux douze juges nommés au nouveau conseil, à refuser. Car l’établissement ou non du Conseil provisoire de la magistrature est entre leurs mains », dit-il.
Pouvoir judiciaire sous emprise de l’exécutif
Le magistrat s’inquiète des conséquences de ce coup de force présidentiel contre la justice et des atteintes aux droits des Tunisiens. « Le pouvoir judiciaire actuel, qui est sous l’emprise du pouvoir exécutif, ne pourra jamais défendre et protéger les Tunisiens », poursuit Anas Hmaidi, le président de l’association des magistrats.
Parmi les magistrats présents, Ridha Boulima exige des réformes démocratiques de l’appareil judiciaire. « L’organisation législative du pouvoir judiciaire doit se faire de façon démocratique et participative, tout le monde doit adhérer à cette manière de faire », estime-t-il.
Jusqu’ici le président Kaïs Saïed n’a pas écouté les doléances des juges. Et il a justifié la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature en accusant les juges d’être corrompus.