Les autorités rwandaises annoncent les premières conclusions de leur enquête sur la disparition du poète Innocent Bahati, dont les proches sont sans nouvelles depuis un an. Dans un journal pro-gouvernement, le Bureau des enquêtes rwandais a accusé mercredi 16 février le jeune auteur d’avoir des liens avec des mouvements rebelles.
Avec notre correspondante à Kigali, Laure Broulard
Interrogé par le journal en ligne Taarifa, le porte-parole du Bureau des enquêtes rwandais (RIB) assure avoir des preuves indiquant qu’Innocent Bahati est parti en Ouganda, où il avait des contacts réguliers avec des groupes « anti-Rwanda », selon la terminologie employée dans l’article. Il est également accusé d’avoir collaboré avec des mouvements hostiles au gouvernement rwandais basés en Belgique et aux États-Unis.
Pas plus de précisions du côté des autorités pour l’instant, ni de déclaration officielle. L’enquête n’est pas close et Innocent Bahati reste introuvable, puisque le RIB indique qu’il aurait pu déjà quitter l’Ouganda pour un autre pays.
« Schéma de disparitions mystérieuses »
Ces déclarations interviennent une dizaine de jours après une lettre ouverte de l’organisation Pen International, adressée au président Paul Kagame, et signée par une centaine d’écrivains dont Margaret Atwood ou encore Salman Rushdie. Ils expliquaient avoir des raisons de croire que la disparition d’Innocent Bahati était liée à son écriture et aux problèmes sociaux qu’il évoquait dans ses poèmes sur YouTube.
Le Rwanda est en effet régulièrement accusé de réprimer la liberté d’expression. Human Rights Watch estimait ainsi dans un rapport de mars 2021 que la disparition du jeune auteur devait être considérée comme suspecte, évoquant un « schéma de disparitions mystérieuses de détracteurs du gouvernement au Rwanda ».