Avec la victoire des « Lions » à la Coupe d’Afrique des nations, le Sénégal a pu montrer à une Afrique de l’Ouest quelque peu désemparée, à quoi peut ressembler une nation unie et rayonnante de bonheur.
Pour célébrer les Lions, de retour du Cameroun avec le premier trophée continental de l’histoire de leur football, les Sénégalais sont sortis, par millions, en début de semaine, offrant un impressionnant spectacle de liesse populaire et de concorde. Comment expliquer une telle mobilisation, une telle ferveur autour des Lions et pour le football ?
On ne s’imagine pas à quel point cela fait du bien, à tous les peuples africains, de voir, sur ce continent si souvent consigné au pied du mur des lamentations, une nation simplement heureuse. Un bonheur palpable, communicatif, et d’autant plus plaisant à contempler qu’il ne pouvait être feint. Et l’on a presque envie d’aller questionner les plus anciens, pour trancher si ce jour déclasse, ou pas, celui de la proclamation de l’indépendance.
Par millions, ils sont sortis accueillir les Lions, leurs héros, fiers d’être le ciment d’une cohésion nationale parfois chahutée, ces derniers temps. Mais, même si ce n’était que le temps d’une célébration, cette cohésion était belle à voir, trop belle pour ne pas être applaudie. Seul le football pouvait valoir au peuple sénégalais un tel retour à l’essentiel. D’autant plus que le football aussi est essentiel, dans la vie de nombreuses nations africaines.
Le sport-roi, soit ! Mais en quoi serait-ce essentiel ?
Parce qu’il contribue à la bonne santé de la jeunesse qui le pratique, souvent avec des infrastructures rudimentaires. Il suffit parfois de deux morceaux de pierre, pour matérialiser les buts, et un ballon de fortune peut suffire. Mais le football est aussi une industrie, qui tient sa part dans l’économie nationale. C’est enfin une réalité sociale, qui enchante les rêves des jeunes, qui n’ont parfois aucune autre issue, pour réussir dans la vie. D’ici dix à quinze ans, vous verrez éclore au Sénégal, de jeunes footballeurs de talent, qui se seront engagés dans la pépinière de ce sport, immédiatement dans les jours, les semaines ou les mois qui suivent l’accueil grandiose que vient de réserver le peuple à ses héros. C’est aussi ainsi, dans une saine émulation dans l’excellence, que se construit l’avenir d’une nation.
Enfin, l’équipe nationale. Elle est le creuset dans lequel se fondent facilement les différences insurmontables. Elle recueille les meilleurs, sans que n’interviennent les considérations régionales, ethniques et autres, qui polluent tant le reste la vie d’une nation. Lorsque vous êtes vraiment bon sur le terrain, le public le sait et aucun arrangement d’arrière-salle ne pourra vous priver de votre poste de titulaire. Si seulement chacun, dans la société, s’appliquait, comme au football, à être le meilleur à son poste, le plus compétent dans son domaine, sûrement que les nations africaines avanceraient mieux et plus vite.
Vous conviendrez que l’encadrement aussi est essentiel dans l’épanouissement et les résultats d’une sélection nationale…
Vous avez parfaitement compris. Macky Sall, le chef de l’État sénégalais, aussi, qui a donné aux Lions les moyens de se présenter à la Can sans ce complexe de l’indigence, si caractéristique de nombreuses et même grandes équipes africaines. Parfois ce sont des dirigeants indignes qui, en ponctionnant les dotations de l’équipe et les primes des joueurs, discréditent le drapeau national, avant même que ne débute la compétition.
Dans leur campagne victorieuse, les Lions ont échappé à tous ces écueils. Le reste résulte de la patience d’un Etat qui a su faire confiance, dans la durée, à un de ses fils. Une nouvelle preuve que les pays qui avancent, sur ce continent, sont, de plus en plus, ceux où la nation sait faire confiance à ses propres citoyens, et traite l’expertise nationale avec les mêmes égards que ce qu’elle accorde aux expatriés.