« L’heure de vérité approche », s’exclame Le Pays à Ouagadougou. « Au terme d’un long réquisitoire, le parquet militaire a requis hier de lourdes peines contre la plupart des quatorze accusés dans l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze camarades. Les deux principaux accusés que sont Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando risquent (…) 30 ans de prison. Des réquisitions à la hauteur de l’extrême gravité des faits qui leur sont reprochés pour le rôle pivot qui a été le leur dans la commission du crime, et sans doute pour leur refus de comparaître devant le Tribunal militaire. L’ancien chef de l’Etat et son ancien chef de sécurité rapprochée ont été en effet jugés par contumace, l’un s’étant emmuré dans sa résidence cossue de Cocody-Danga à Abidjan depuis qu’il a été chassé du pouvoir en 2014, l’autre, introuvable, depuis qu’il s’est évanoui dans la nature en juin de l’année suivante. Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando ont raté le coche, estime encore Le Pays, et ne bénéficieront certainement d’aucune circonstance atténuante. Quant à leurs douze coaccusés, le ministère public a réclamé un éventail de peines pour sept d’entre eux, et l’acquittement pour les cinq autres. »
Un tournant… après 35 ans !
« En attendant les plaidoiries des avocats des présumés coupables prévues pour ce mois de mars, la tenue de ce procès constitue un tournant important », pointe WakatSéra…
« Un tournant important dans la vie d’un pays confronté aux attaques terroristes et où tous invoquent, jour et nuit, le retour de la paix et de la cohésion sociale. A la fin du marathon judiciaire, le peuple pourra être libéré de ce fardeau qu’il a traîné sur des décennies. 35 ans !, soupire le site d’information burkinabé. Un temps si long, mais si court pour que se tienne le procès de la mort de Thomas Sankara, l’un des héros de la jeunesse africaine, père d’une révolution qui a fait de sa patrie, le Pays des Hommes intègres et du continent noir une terre d’espérance. Et tous les acteurs de ce procès (…) peuvent se targuer d’avoir fait œuvre utile, estime encore WakatSéra, pour un pays qui est à la croisée des chemins et qui entend se mettre aux pas du triptyque Vérité-Justice-Réconciliation. Sans doute que la poursuite de ce procès jusqu’à sa fin devrait servir de tremplin à la réalisation de ce vœu cher de réconciliation qui ramènera tous les Burkinabè à boucher de leurs doigts la jarre trouée. »
Mali : expulsion d’un journaliste français
A la Une également : l’expulsion du Mali du journaliste français Benjamin Roger.
Arrivé à Bamako dans la nuit de dimanche à lundi, l’envoyé spécial de Jeune Afrique a été interpellé à son hôtel par la police, lundi en fin de matinée et conduit dans les locaux de la Brigade d’investigation judiciaire, où il a été interrogé, puis dans ceux de la Police de l’Air et des Frontières, où son expulsion lui a été signifiée. La Direction de Jeune Afrique considère cette mesure comme injustifiée et contrevenant à la liberté d’informer. En effet, précise le site panafricain, « Benjamin Roger était muni d’un visa d’entrée en règle et n’a pas dissimulé sa profession de journaliste ni le fait qu’il venait l’exercer – en toute impartialité – au Mali. »
Alors, « les questions foisonnent, pointe le quotidien Aujourd’hui au Burkina. Doit-on y voir un prolongement de cette crise qui oppose le Mali et la France et du durcissement des relations diplomatiques entre Paris et Bamako ? Notre confrère, Benjamin Roger, est le tout premier journaliste à être expulsé par les autorités maliennes. Doit-on y voir un changement de ton du pouvoir de Transition à l’endroit des médias ? La dernière manchette de Jeune Afrique consacrée au pouvoir de Bamako pourrait-elle en être la cause ? Notons tout de même que des incidents de ce genre n’étaient pas à exclure depuis que, fin janvier, le Mali avait notifié aux correspondants internationaux qu’un nouveau processus d’accréditation (indispensable à l’activité journalistique) allait être mis en place. »
Pas de réaction pour l’instant dans la presse malienne. La Maison de la presse de Bamako, pour sa part, condamne cette expulsion et invite les autorités de la Transition « à demeurer prudentes dans la prise de décisions qui pourraient contribuer à ternir davantage l’image du Mali dans un contexte particulièrement délicat. »
Enfin, cela a fait dix mois jour pour jour hier que notre confrère Olivier Dubois a été pris en otage au Mali. Le Point Afrique , auquel il collabore régulièrement, lui consacre un long papier. « Toute la rédaction et le personnel du Point attendent avec impatience sa libération. »
De même bien sûr que RFI…