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Procès Sankara: les parties civiles déçues des réquisitions du parquet militaire

Le procès des assassins présumés de Thomas Sankara a été suspsendu mardi 8 février jusqu’au 1er mars au Burkina Faso pour laisser à la défense le temps de se préparer. Le parquet a demandé notamment 30 ans de prison ferme pour l’ancien président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando. Pour les mêmes charges, il a été requis 20 ans de prison ferme pour le général Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’État-major particulier de Blaise Compaoré, et 11 ans avec sursis pour Jean-Pierre Palm, ancien commandant de la gendarmerie nationale. Des réquisitions qui ont déçu les parties civiles.

Avec notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Gaëlle Laleix

A l’issue de l’audience les visages sont fermés. Pour les parties civiles, le parquet militaire a été bien clément, notamment pour certains accusés. Maryam Sankara, la femme de Thomas Sankara : « Jean-Pierre Palm, il y a beaucoup d’éléments qui montrent sa culpabilité, puis Tibo Ouédrago qui a été acquitté… Cela fait des années que nous attendons le verdict final. »

En ce qui concerne, Jean-Pierre Palm, le parquet reconnait son rôle dans le complot contre Thomas Sankara, mais lui octroie tout de même un sursis. Maître Anta Guissé, avocate des parties civiles, ne comprend pas : « L’accusé Tondé, qui lui est un pauvre chauffeur sous la coupe de Diendéré, a trois ans fermes pour subornation de témoins. Et 11 ans pour Jean-Pierre Palm ? Qui a cette responsabilité énorme en ce qui est arrivé à ce pays ? C’est incompréhensible. »

Pourtant le parquet militaire a bien détaillé le rôle crucial joué par Jean Pierre Palm dans le complot contre Thomas Sankara. Sa rencontre avec Blaise Compaoré la veille de l’attaque, sa responsabilité dans la destruction d’enregistrements des services de renseignement de la gendarmerie, les personnes emprisonnées par ses ordres ou encore sa promotion rapide en tant que commandant de la gendarmerie nationale… Autant de preuves pour le parquet.

« Raisons politiques subjectives »

« On se dit que cette clémence doit être liée à des raisons politiques subjectives », analyse Luc Damiba, secrétaire général du Comité mémorial Thomas Sankara.

Mais du côté de la défense, le discours est tout autre. Maître Mamadou Coulibaly : « Il y avait des zones d’ombres qui surgissaient, et ces zones d’ombres faisaient que nous estimons que le parquet a eu la main lourde dans ses réquisitions. Surtout l’accusé Tondé. En ce qui concerne le colonel-major Jean-Pierre Palm, il a été requis 11 ans avec sursis. Bon, ce ne sont que des réquisitions, ils sont dans leurs rôles de parquetiers. »

Les avocats de la défense ont demandé un délai d’un mois pour se préparer. « Face à la gravité des peines demandées, il va falloir sortir les armes lourdes », explique Maître Kopio Moumouni, qui prévient : « si l’on s’enferme dans un agenda, on risque de fausser le jeu. »

La cour a accordé un délai de trois semaines, aux avocats de la défense pour se préparer.

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