Site icon LE JOURNAL.AFRICA

RDC: le retour à la terre des Congolais de la ville

Les Congolais vivant dans les milieux urbains sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’agriculture et l’élevage. Parmi eux, des avocats, des directeurs d’entreprises, des professeurs d’université et des médecins. Bien que l’agriculture soit encore souvent considérée comme une activité peu rémunératrice, ces fermiers d’un nouveau genre, parient sur la filière bio, réputée plus rentable.

De notre correspondante à Lubumbashi,

À 35 kilomètres au nord-ouest de Lubumbashi, Hubert Tshiswaka exploite depuis cinq ans une ferme de 12 hectares. « Ici, c’est dans la partie agriculture. On est en train de planter du manioc. Là, c’est la partie où on a enlevé la première récolte de manioc, 10 à 15 tonnes… C’était beaucoup ! »

Et puis, il y a la partie élevage de 7 hectares : « Il y a des dindons, des canards, des poules. Et là, je viens de commencer l’élevage de porcs. Je les ai achetés tout petit. Maintenant ils ont six mois. » 

Cet avocat devenu fermier a passé plus de dix ans en Afrique du Sud. C’est en observant ses collègues sud-africains que lui est venue l’idée de sa reconversion.

« Chaque jeudi soir ou vendredi, tous allaient dans leur village et s’occupaient de leurs fermes. Alors que nous, nous sommes en train d’abandonner nos terres au lieu de les transformer. Les terres sont prises par d’autres, des Chinois, des Indiens ou des Brésiliens. »

► À lire aussi : RDC: dans le Katanga, les paysans souhaitent une plus grande sécurité foncière

Un revenu supplémentaire 

Plus à l’est de Lubumbashi, à 120 km, Idy Ramazani possède un verger. Revenu au pays après vingt années passées en Belgique, ce directeur d’entreprise minière combine son travail avec l’agriculture. L’huile de palme pourrait lui permettre de gonfler ses revenus. « Si je peux déjà produire 2 000 litres par mois, c’est 2 000 dollars. À ce moment-là, je serai pensionné et je préfère avoir cet argent en plus. »

Se procurer un revenu d’appoint, c’est aussi la motivation de Lydia Kat, jeune femme de 31 ans. Elle cultive des haricots et de la patate douce. Pour développer au mieux son projet, elle a rejoint le club des agriculteurs du Katanga. « Dans notre groupe, il n’y a pas que des agriculteurs, il y a aussi des vétérinaires et des agronomes. Par exemple, si tu ne sais pas faire la culture du maïs, tu peux faire appel à l’agronome. Tous les conseils et les visites sont gratuits. »

80 millions d’hectares de terres arables

Baudouin Kakudji du service de l’agriculture à Lubumbashi est fier de voir croître, ces dernières années, le nombre des petits fermiers : « Avec tout ce potentiel, il y a moyen de vivre de ce secteur et de diversifier notre économie. Nous avons des terres arables, nous avons une bonne pluviométrie et nous avons des ressources humaines compétentes. »

La RDC compte près de 80 millions d’hectares de terres arables. Pour les experts, le secteur souffre surtout de l’absence d’une politique nationale cohérente et d’une bonne gouvernance.

► À lire aussi : RDC: les riziculteurs de la région de Lubumbashi cherchent à mécaniser leurs champs

Quitter la version mobile