Reprise du procès Sankara à Ouagadougou après une interruption de deux jours à la demande des parties civiles en raison de la suspension de la Constitution. Son rétablissement a permis la réouverture des débats. Dans le box, 12 accusés poursuivis pour l’assassinat de Thomas Sankara et d’une douzaine d’autres personnes. Ce sont les plaidoiries qui ont commencé ce mercredi matin.
Avec notre envoyé spécial à Ouagadougou, Pierre Pinto
Pour la reprise, Me Ferdinand Nzepa, avocat de Mariam Sankara, a ouvert ces plaidoiries ce mercredi matin, déplorant encore une fois que l’ancien président Blaise Compaoré, qu’il accuse d’être le commanditaire, ne soit pas dans le box. « On aurait aimé qu’au soir de sa vie, il vienne faire face à son destin. Il a préféré la fuite ».
L’avocat de la partie civile a ensuite déroulé, trois heures durant, un long rappel des faits contenus dans le dossier. Il détaille le fil des événements, du 15 octobre 1987, lorsque Thomas Sankara et ceux qui participaient avec lui à une réunion, ont été abattus froidement, selon l’avocat, par Hyacinthe Kafondo et ses hommes, lui aussi, grand absent du procès.
Retour sur les raisons de l’assassinat
Maître Nzepa s’est aussi intéressé aux raisons qui ont conduit, selon lui, à l’assassinat : la rivalité de Blaise Compaoré avec Thomas Sankara, les incitations possibles de la France de Mitterrand, de la Côte d’Ivoire d’Houphouët, de la Libye de Kadhafi… De la conjonction aussi des intérêts, à l’intérieur, comme à l’extérieur du Burkina Faso, à voir Thomas Sankara disparaître…
« Il ne s’agit pas d’une interpellation qui a mal tourné. Tous les témoins ont vu Thomas Sankara sortir, les mains en l’air et sans arme », a tranché maître Nzepa à l’issue de sa démonstration. Il explique le crime par la pure ambition personnelle de Blaise Compaoré, de récupérer le pouvoir qu’il convoitait depuis 1983 et par l’ambition de ceux qui, dans son sillage, voulaient jouir des délices du pouvoir.
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