Au Burundi, la communauté des albinos, forte de quelque 1240 personnes, est endeuillée après un énième kidnapping suivi de meurtre. Cette fois c’est un enfant de quatre ans à peine qui a été enlevé samedi à Bujumbura, la principale ville du pays, et retrouvé démembré et en partie désossé mardi dans le nord-est du pays. De quoi jeter l’effroi les membres de ce groupe, qui se disent menacés et en danger de mort.
Le petit Abdul jouait avec les enfants de son voisinage dans le quartier de Kinama lorsqu’un taxi s’arrête juste à côté d’eux. Trois hommes proposent gentiment au petit groupe de leur faire faire un tour en voiture. C’est une aubaine plutôt rare pour ces enfants, qui grimpent dans le véhicule.
Le taxi s’arrête quelques centaines de mètres plus loin, les camarades de jeu d’Abdul sont éjectés de la voiture. Sa mère de l’enfant, éplorée, le cherchera en vain.
Lundi la famille apprend que le petit garçon a été conduit dans la province de Cankuzo, à quelque 230 km à l’est de Bujumbura. Ses bourreaux l’ont tué sauvagement. « Ils se sont certainement cachés quelque part pour le tuer… Ils l’ont coupé en morceaux, et ils ont pris les os après avoir enlevé toute la chair », raconte Anicet Bangirinama, représentant de l’association Albinos sans frontières, joint au téléphone par Esdras Ndikumana, de la rédaction Afrique.
C’est un adolescent qui gardait des vaches qui les aurait vus dans une forêt de Cankuzo et aurait donné l’alerte. Deux hommes ont été arrêtés dès dimanche avec les os du petit garçon ; le troisième lui est passé entre les mailles du filet de la police.
Une vingtaine d’albinos ont été tués de cette manière depuis 2008 au Burundi. Les assassins revendent leurs membres et autres organes essentiellement dans certaines régions de la Tanzanie, où ils sont utilisés dans pour des rituels liés à la sorcellerie.
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