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Soudan : les associations d’avocats continuent de dénoncer les arrestations arbitraires

Trois mois après le coup d’Etat mené par le général Abdel Fattah al-Burhan, des arrestations massives se poursuivent de manière arbitraire dans tout le pays. C’est en tout cas ce que dénoncent de nombreux magistrats, procureurs, avocats ou militants qui se rebiffent contre le pouvoir militaire. Mardi après-midi, des associations d’avocats se sont réunies devant le bureau du procureur de la République, exigeant la libération des détenus politiques.

Avec notre correspondant à Khartoum, Eliott Brachet

Plusieurs membres de partis politiques ont récemment été arrêtés. C’est le cas notamment de deux membres du SPLM-Nord, un groupe rebelle signataire des accords de paix de Juba, qui ont été arrêté dimanche et accusés de financer les comités de résistance. Car ce sont bien ces comités de quartier qui sont surtout dans le viseur des autorités en raison du rôle central qu’ils jouent dans le mouvement de contestation contre le coup d’Etat.

Le 12 janvier dernier, l’avocat Badreddine Saddiq était arrêté à son bureau par des hommes armés, embarqué de force dans un véhicule sans immatriculation et sans aucun mandat d’arrêt. Ses collègues exigent sa libération ainsi que celles de nombreux autres détenus, explique l’avocat Eissam Hamid. 

« Rien qu’à Khartoum nous avons dénombré 65 arrestations arbitraires ces derniers jours. Tous les appareils de sécurité sont à l’œuvre. Les renseignements intérieurs, la police, l’armée, les miliciens des Forces de soutien rapide. Les lieux de détention sont souvent inconnus. Certains sont à la prison de Soba, d’autres dans les geôles des renseignements. Ces arrestations sont illégales. »

L’état d’urgence décrété au moment du coup d’État est toujours en vigueur. Le général Burhan a donné des pouvoirs élargis aux différentes composantes de l’appareil sécuritaire qui bénéficient d’une totale immunité s’indigne Abdelsalam Saboun.

« Aujourd’hui nous sommes face à un État hors la loi.  Soit les détenus sont jugés si des charges sont retenues contre eux, soit ils doivent être relâchés sur le champ. Moi-même je ne suis pas sûr de rentrer chez moi ce soir. Les arrestations ne cessent pas. C’est un recul total vis-à-vis des droits humains, des libertés collectives et du droit, sans parler des conventions internationales ratifiées par le pays. ».

Le procureur général affirme ne détenir aucune information concernant ces arrestations arbitraires. Nommé par le général Burhan lui-même, le procureur Al Khalifa Ahmad fut un proche du régime d’Omar el-Béchir.

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