Le projet de réforme constitutionnelle controversé du président Kenyatta a-t-il encore un avenir ? C’est la question à laquelle doit répondre la Cour suprême du Kenya. Adopté par le Parlement en mai 2021, il devait être soumis à référendum, mais a été bloqué en août par la Haute cour de justice qui a jugé le projet illégal et anticonstitutionnel. Mais le gouvernement a fait appel devant la Cour suprême.
Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice
Le verdict de la Cour suprême, signera l’épilogue d’une saga politique qui dure depuis 2018. C’est à cette époque, et dans la foulée de son rapprochement inattendu avec son opposant d’hier Raila Odinga, que le président Kenyatta a lancé ce projet de réforme. Baptisé « BBI » (Building Bridges Initiative), il prévoit la création d’un poste de Premier ministre, qui serait nommé par le président, de deux postes de Premiers ministres adjoints, et d’un poste de chef de l’opposition.
Une manœuvre de Kenyatta pour rester au pouvoir ?
Selon le président kényan, cette ouverture au sein de l’exécutif est censée réduire le risque de conflits post-électoraux. Les détracteurs du texte, y voient au contraire une manœuvre d’Uhuru Kenyatta, qui ne peut plus se représenter à la présidentielle, pour se maintenir malgré tout au pouvoir. Ils soupçonnent un accord selon lequel Raila Odinga s’il était élu, le nommerait premier ministre en échange de son soutien dans la course à l’élection.
En août 2021, la justice avait retoqué le projet et relevé 20 violations de la constitution dans le document. Elle avait notamment expliqué que le chef de l’État n’avait pas le pouvoir d’initier une telle réforme. Si la Cour suprême venait toutefois à lui donner raison, il resterait encore à savoir si le texte pourra être soumis à référendum avant la présidentielle prévue le 9 août. De nombreux analystes en doutent.