Charles Debbasch s’est éteint à l’âge de 84 ans à Paris. Ce constitutionnaliste français a été le conseiller de plusieurs hommes politiques en Afrique : au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Congo-Brazzaville et surtout au Togo, où il a passé une vingtaine d’années. Il a été conseiller juridique du président Eyadema Gnassingbé, puis conseiller spécial de son fils Faure. Son expertise a été un soutien de taille dans l’accession à la magistrature suprême de l’actuel président.
Il va contribuer à lever l’hypothèque de la limitation du nombre de mandats. Il fait modifier la Constitution -article 59 à l’époque- afin que Eyadema père puisse briguer un troisième bail… Et ensuite –et ça c’est l’un des épisodes à la fois les plus théâtraux et les plus révélateurs du rôle et de l’influence de Charles Debbasch– c’est lui qui orchestre la pantalonnade de la succession en 2005, au lendemain du décès de Gnassingbé Eyadema, puisqu’on s’en souvient peut-être, dès le lendemain du décès, il y a modification de la Constitution et du Code électoral. On écarte le président de l’Assemblée nationale, qui théoriquement devait assurer l’intérim après le trépas de Eyadema père. On propulse Faure, d’abord dans un fauteuil de député, puis dans celui de président de l’Assemblée nationale… Et c’est donc lui qui hérite de la fonction de chef de l’État, en théorie jusqu’à la du mandat de 2008 et en réalité, il devra repasser par la case élections, fraudes à l’appui.
Vincent Hugeux, journaliste et auteur de l’essai «Tyrans d’Afrique, les mystères du despotisme postcolonial»