L’écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija a été arrêté mardi à son domicile par des soldats en civil. Il était depuis plusieurs mois dans le viseur du gouvernement pour une série de tweets dans lesquels l’écrivain se moquait du fils du président Yoweri Museveni.
Son roman à succès Le Barbare avare décrit un pays fictif gangréné par la corruption. Une critique à peine voilée du régime ougandais. Mais l’auteur était dans le collimateur des autorités pour des tweets se moquant du fils du président. « Des hommes armés cassent ma porte. Ils disent qu’ils sont policiers mais ne sont pas en uniforme. Je me suis enfermé à l’intérieur », a écrit sur sa page Facebook l’écrivain.
Signe d’une répression toujours plus importante, cette arrestation n’a pas surpris Nicholas Opiyo, avocat ougandais en exil aux États-Unis. « Le gouvernement a réussi à empêcher les partis politiques et la population de protester physiquement. Maintenant ils se chargent de la répression intellectuelle. Les gens indépendants d’esprit, qui expriment leurs idées dans les universités ou en ligne sont victimes d’attaques intolérantes », témoigne-t-il à RFI.
Mais pour l’avocat des droits de l’homme, au-delà de la personne, c’est « la liberté de penser et de s’exprimer » qui est visée par cette arrestation. « C’est pourquoi les attaques contre les activistes en ligne ont été de plus en plus fréquentes ces dernières années. Le régime ne tient pas tant à se maintenir en place qu’à protéger la famille du président. Beaucoup des personnes arrêtées pour activisme en ligne avaient critiqué des membres de la famille présidentielle », conclut-il.