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Violences de 2020 en Côte d’Ivoire: épinglé, le PDCI de Konan Bédié répond au procureur

Former president Henri Konan Bedie, 86, speaks at a party rally to celebrate his presidential candidacy for the opposition PDCI-RDA party and as a show of strength ahead of next months presidential election, in Yamoussoukro, Ivory Coast Saturday, Sept. 12, 2020. Bedie, who led the country from 1993-1999, and Pascal Affi N'Guessan of the Ivorian Popular Front party, are the two opposition leaders who pose the strongest threat to incumbent President Alassane Ouattara. (AP Photo/Diomande Ble Blonde)

Mis en cause par le procureur d’Abidjan, Richard Adou, en début de semaine, le PDCI a répondu dans un communiqué publié mercredi 29 décembre. Le parti de l’ancien président de la République, Henri Konan Bédié, réfute que ce dernier puisse être poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les violences survenues autour de la présidentielle ivoirienne de 2020. Et il renvoie la balle dans le camp des supporters d’Alassane Ouattara.

Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto

Lundi 27 décembre, le procureur d’Abidjan, Richard Adou, a présenté le rapport d’activités de l’Unité spéciale d’enquête qu’il dirige sur les violences politico-ethniques de 2020. Ces violences, liées à la présidentielle et à la candidature d’Alassane Ouattara rejetée par l’opposition, ont fait 85 morts. Le procureur a indiqué que 273 personnes étaient impliquées et a épinglé de nombreux responsables politiques d’opposition comme commanditaires et financiers des violences. En tête : Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) et chef de file de la désobéissance civile.

Selon Richard Adou, Henri Konan Bédié peut être poursuivi, malgré son statut d’ancien chef de l’État. Le procureur d’Abidjan a invoqué, lundi, l’article 54 de la loi de 2005 sur le statut des anciens présidents. Cet article permet de juger un ancien chef de l’État comme n’importe quel justiciable en cas d’infractions commises en période électorale.

Mercredi 29 décembre, le PDCI-RDA a rétorqué que cela « ne peut s’entendre que dans le cas où une élection régulière, conforme aux termes de la Constitution ivoirienne ». Le message sous-entendu est que Henri Konan Bédié ne reconnaît toujours pas la présidentielle de 2020, puisque la candidature d’Alassane Ouattara était, selon lui, anticonstitutionnelle. Le communiqué renvoie donc la responsabilité des violences sur ceux qu’il nomme les « supporters » du troisième mandat.

Le PDCI se dit toujours prêt au dialogue

Pour l’ancien parti unique, le salut de la Côte d’Ivoire ne peut être que politique. Ainsi, il rappelle que le 11 novembre 2020, Henri Konan Bédié a « accepté une rencontre avec le chef de l’État pour donner une chance au retour à la paix », et il répète « sa disposition à aller à la table du dialogue véritable qui est susceptible d’effacer tous les germes de conflits ».

Le dialogue politique entre le gouvernement et les partis a repris le 16 décembre. Mais après la conférence de presse du procureur lundi, certains s’interrogeaient sur la présence ou non de l’opposition à la table lors de la prochaine séance, dont la date n’a pas encore été fixée. La réponse du PDCI-RDA est claire et figure en dernière ligne du texte : il « s’y rendra sans crainte ni peur de quelques procédures judiciaires que ce soit ».

Reste maintenant à savoir si les trois juges d’instruction nommés dans le dossier des violences politiques de 2020 choisiront de poursuivre ou non Henri Konan Bédié et les autres leaders de l’opposition cités dans l’enquête.

 

 

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