Nouvelle illustration de la flambée de violences qui frappe le Darfour au Soudan : un groupe armé a attaqué, dans la soirée du mardi 28 décembre, un entrepôt du Programme alimentaire mondial. Cela s’est passé à El Fasher, la capitale du Darfour Nord. Des centaines de tonnes de produits alimentaires ont été pillés.
Avec notre correspondante dans la région, Florence Morice
Les habitants d’El Fasher ont d’abord entendu des tirs nourris, dans la soirée du mardi 28 décembre. Dans la foulée, les autorités locales ont imposé un couvre-feu dans la ville. Et c’est seulement mercredi matin que les Nations unies (ONU) ont pu constater les dégâts.
L’attaque a visé un entrepôt du Programme alimentaire mondial qui contenait 1 900 tonnes de nourriture, destinés aux habitants du Darfour les plus vulnérables. Un audit est en cours pour déterminer l’ampleur des pillages. Et cette attaque n’est pas isolée. La semaine dernière déjà, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait condamné des pillages et violences près d’une ancienne base logistique de l’ONU, toujours El Fasher ; une base qui venait tout juste d’être remise aux autorités locales dans le cadre du plan de départ de MINUAD (Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour).
Cette série d’attaques entrave l’action humanitaire, alors même que les besoins n’ont cessé d’augmenter au Darfour depuis un an. L’ONU estime que les déplacements de populations y ont été multipliés par huit comparé à l’an dernier. L’accord de Juba, conclu en octobre 2020, avait suscité l’espoir de voir le Darfour enfin pacifié. C’est loin d’être le cas.
Depuis janvier, les affrontements sanglants s’y sont multipliés, sur fond d’impunité, et alors que les regards internationaux se concentrent sur la capitale Khartoum et la crise politique déclenchée par le coup d’État du 25 octobre.