Inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité et réserve de biosphère en 1981, le Parc national de Taï, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, est l’une des forêts primaires les mieux protégées d’Afrique de l’Ouest. Un patrimoine environnemental exceptionnel aujourd’hui menacé par le braconnage et l’orpaillage clandestin.
De notre correspondant à Abidjan,
Si le pays des éléphants a perdu entre 80 et 90% de son couvert forestier ces 50 dernières années, le parc de Taï, dont la première délimitation en tant que forêt classée date de 1926, a été conservée à plus de 95%.
Véritable poumon de la Côte d’Ivoire, l’immense forêt de Taï court le long de la frontière avec le Liberia. « Pour parler un peu du parc national de Taï, il a une superficie de 536 000 hectares, il regorge d’une diversité assez extraordinaire (…) avec des animaux que l’on ne trouve que dans ce parc. »
Donald Paule, originaire de la petite ville de Taï, est éco-guide pour le compte de la World Chimpanzee Fondation. Au cœur de cette cathédrale végétale, il donne des détails sur ces 12 espèces endémiques : l’hippopotame pygmée, le céphalopode de Jentink ou encore la pintade à poitrine blanche. « Il y a l’amour de la forêt qui est en moi. Quand j’ai eu l’opportunité de postuler pour ce projet, je n’ai pas hésité. »
La forêt comporte également de multiples populations de singes, dont des chimpanzés, aujourd’hui mieux protégés, mais d’autres espèces comme le mangabey ou le colobe rouge restent un mets apprécié des braconniers. « Quand les parents voient un singe aujourd’hui, c’est pour faire la cuisine. Il faut dire aux enfants que les singes ne sont pas seulement bons pour la marmite, parce qu’ils nous donnent beaucoup de choses, et si on change cette mentalité, on les protégera mieux. »
Taï menacé par l’orpaillage
Taï est l’une des forêts les mieux préservées du pays, mais depuis cinq ans, les orpailleurs clandestins originaires des pays limitrophes et profitant de relais locaux, font peser un risque environnemental sur le parc.
« Ça a commencé au sud du parc, et les groupes d’orpailleurs sont en train de remonter. On les voit de plus en plus à Taï, c’est une catastrophe, s’alarme Carole Colin, responsable de projet à la WCF. Les orpailleurs déboisent très peu, ils utilisent beaucoup de produits chimiques et notamment le mercure. Il se retrouve dans le sol, impacte les cours d’eau et c’est toute la chaîne alimentaire qui est touchée, donc la population. »
La saison sèche qui débute est favorable au retour des équipes clandestines d’orpaillage. En juin dernier, la Côte d’Ivoire a créé un Groupement spécial de répression de l’orpaillage illégal composé de 460 gendarmes et 100 agents des Eaux et Forêts.