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Guinée: le mauvais état des routes perturbe l’approvisionnement du marché de Matoto

C’est l’un des grands marchés de Conakry qui a la particularité de proposer à la vente les marchandises venues de Guinée forestière, réputée pour ses produits. Mais avant d’être exposés sur les étals de la capitale, ces derniers doivent traverser le pays. Plus de 800 kilomètres d’une route très mauvaise qui a obligé toute la chaîne d’approvisionnement à s’adapter.

De notre correspondant à Conakry

Les yeux fatigués, cernés. Un peu avant 9h au marché de Matoto qui a lieu une fois par semaine, le jeudi, des porteurs s’activent autour d’un poids-lourd remplis de bananes plantain. « C’est moi qui conduis ça, c’est moi le chauffeur du camion. » Voilà six ans que Falikou Traoré assure la liaison entre Conakry et la forêt. Avec son camion à la remorque interminable qui peut transporter plusieurs dizaines de tonnes, il lui faut cinq jours pour faire le trajet.

« Avant, c’était trois jours, mais la route n’est pas bonne. Avant 2009, elle était bien, maintenant elle est très dégradée, complètement gâtée. » Au fil des mandats d’Alpha Condé, le manque d’investissement et d’entretien a totalement délabré les infrastructures. Certains tronçons sont devenus la hantise des camionneurs. « Pour faire Kindia-Conakry, on mettait deux heures, mais maintenant, si on part à 8h, on arrive vers 21h », poursuit Falikou Traoré.

130 kilomètres effectués en 13 heures. Si on calcule la vitesse moyenne, c’est comme si le camion de Falikou Traoré roulait à 10 kilomètres/heure durant tout le voyage. « On doit faire avec, c’est notre travail, on ne peut pas faire autrement. »

Trajet long, imprévisible, on ne verra pas, pour cette raison, sur le marché de Matoto des produits trop fragiles et difficiles à transporter comme le tilapia, ce poisson d’eau douce élevé et pêché en forêt.

Des produits que l’on ne trouve qu’ici

Entre les étals des forestiers, René Kolie nous sert de guide. Il vit à Conakry, mais est originaire de la région de Nzérékoré. Il connaît bien ce marché où l’on trouve des produits que l’on ne vend pas ailleurs. Nous nous arrêtons devant la bâche d’une vendeuse qui est en train d’écraser des escargots : « Ça traite la toux et les rhumatismes. » Les plus gros sont de la taille d’un poing. Un mets typique de la forêt.

Une partie du marché de Matoto est consacré aux herbes médicinales. « Tous les produits que vous voyez viennent de Nzérékoré. Chaque produit a son devoir dans l’organisme. »

Un vendeur, Monsieur Aba, dénonce l’augmentation du coût du transport : « Vu l’état des routes, ça coûte 300 000 francs guinéens d’aller à Nzérékoré depuis Conakry. Avec un bagage, il faut payer 500 000 maintenant. » L’aller-retour revient à 100 euros avec bagage. Résultat, les prix de certains produits ont été multipliés par cinq en un peu plus de dix ans. C’est le consommateur qui trinque à la fin.

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