Le parquet abandonne les poursuites pour blanchiment d’argent contre Nicholas Opiyo, l’un des défenseurs des droits de l’homme les plus connus du pays et les plus critiques envers le pouvoir. Son arrestation en décembre dernier, dénoncée par de nombreux activistes pour les libertés civiles, avait fait grand bruit, en plein milieu d’une campagne électorale sous tension avant le scrutin de janvier. Il a été libéré quelques jours plus tard. Son procès était au point mort depuis des mois.
Avec notre correspondante à Kampala, Lucie Mouillaud
C’est un soulagement pour David Mpanga, l’avocat de Nicholas Opiyo. Après neuf mois d’enquête, l’accusation n’avait pas encore présenté de preuve devant les juges. La semaine dernière, le tribunal a donc donné un délai de sept jours au procureur pour dévoiler les résultats des investigations.
Un délai intenable, selon les propos du porte-parole du parquet. Mais pour David Mpanga, les poursuites pour blanchiment d’argent ouvertes en décembre n’avaient pas pour objectif d’aboutir, mais de mettre son client sous pression.
Avant le scrutin de janvier dernier, Nicholas Opiyo avait été très critique envers les forces de l’ordre. À l’époque, il menait également une enquête sur les manifestations de novembre, durant lesquelles 54 personnes sont décédées d’après les rapports officiels.
Aujourd’hui, plus aucune charge ne pèse contre lui. Mais les autorités ougandaises ont suspendu il y a quelques semaines son organisation de défense des libertés civiles, en même temps que 53 autres ONG. En cause : le non-respect de certaines procédures administratives. Des accusations que dément Nicholas Opiyo.