Réuni à Marseille du 3 au 11 septembre, le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a exprimé la nécessité de protéger, conserver et restaurer au moins la moitié de la planète. Premier objectif fixé : protéger au moins 30 % de la planète d’ici 2030 et créer un réseau d’aires protégées.
Le 29 juin dernier, le Cirad a publié un nouveau rapport sur les aires protégées en Afrique centrale, sur lequel ont travaillé plusieurs experts, notamment ceux de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale. Gouvernance, tourisme, conflits entre les humains et la faune ou encore relations avec les industries extractives, ce sont entre autres, les thématiques traitées dans le rapport sur les aires protégées d’Afrique centrale.
« Ce que nous avons essayé de mettre en évidence, c’est de souligner les problèmes, les conflits qu’il peut y avoir, mais surtout de voir comment on pouvait dépasser ces problèmes et ces conflits et proposer des recommandations, pour améliorer l’efficacité de gestion des aires protégées », déclare Charles Doumenge, chercheur au Cirad. Il est co-auteur et éditeur principal du rapport sur les aires protégées dans les dix pays de la région.
Se poser les bonnes questions
Le rapport a fait le constat d’une augmentation des superficies des aires protégées en Afrique centrale, mais le besoin de développer l’exploitation minière forestière reste une menace, pour des pays qui aspirent à augmenter leurs revenus. Les dirigeants de ces pays doivent se poser les bonnes questions, selon Charles Doumenge.
« Est-ce que cette richesse minière participe au développement de l’ensemble de la population du pays, au développement rural en particulier ? Et là, on se rend compte que certains pays, qui ont de très riches ressources pétrolières et minières, font partie des vingt pays les plus pauvres de la planète. Donc là, ça pose la question de savoir comment cette richesse est redistribuée et à quoi elle sert », dit-il.
Des efforts de conservation en Afrique centrale
Les responsables de chaque pays ont bien sûr le droit de choisir d’exploiter de nouvelles ressources, même s’il y a des aires protégées où les activités minières doivent être interdites, quelle que soit la matière première qu’on y découvre.
Florence, coordinatrice du projet Riofac (Renforcement et institutionnalisation de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale) et coéditrice du rapport sur les aires protégées d’Afrique centrale.
« Le bassin du Congo est le bassin qui a une déforestation moindre. Mais quand on parle de déforestation dans cette région, on a l’impression que c’est amplifié. Et c’est pour ça que les pays se disent toujours : nous sommes ceux qui préservons et qui faisons le moins de dégâts, mais il n’y a pas d’impact économique ! Toutes ces problématiques de conservation contre développement font appel à l’aménagement du territoire. Et l’aire de conservation doit être considérée comme un élément de l’aménagement du territoire. Il y a donc tout un schéma, des outils et des leviers pour pouvoir concilier conservation et développement »
L’Afrique centrale fait des efforts de conservation, même si certains pays sont plus avancés que d’autres. Les surfaces protégées ont augmenté, avec aujourd’hui 800 000 km². Mais il reste beaucoup à faire pour préserver durablement la biodiversité d’une région qui constitue le deuxième poumon de la planète.