En Tunisie, l’un des plus grands vecteurs du mécontentement actuellement au sein de la population, c’est la crise économique qui perdure, avec pour conséquence une inflation galopante et une augmentation de la pauvreté. Le chômage frôle aujourd’hui les 18%. À Tunis, ce sujet est au cœur du quotidien des gens.
De notre envoyée spéciale,
Dans la Médina, de nombreux rideaux de boutiques sont tirés. Les touristes étrangers ont été peu nombreux cet été. Abdel Sétif vend des bijoux dans le magasin familial. « Depuis la révolution, le secteur qui a le plus pâti économiquement, c’est le tourisme, affirme-t-il. La pandémie de Covid en a rajouté une couche. Ceux qui n’étaient propriétaires de leurs boutiques n’ont plus de quoi payer les loyers ou les impôts. Ils ont donc arrêté leur activité, parce qu’ils ne peuvent même plus couvrir leurs frais fixes. »
Dans une petite ruelle proche de la Médina, le salon de coiffure de Raouf est vide. Selon lui, les difficultés économiques ont débuté dès la chute du Président Zine el-Abidine Ben Ali en 2011. « La vie a commencé à se compliquer, avec une augmentation du coût de la vie, qui a été multiplié par 4 ou 5. Les loyers ont augmenté. Le coût de l’eau et l’électricité aussi. Le prix du pain est l’un des rares à être resté stable, parce que son augmentation pourrait amener le peuple à se rebeller. »
Rêves de départ
D’une ouverture couverte par un carton s‘échappe de la musique. Cachés derrière, deux hommes d’un certain âge fabriquent des chaussures. Une forte odeur de la colle pique le nez. Cigarette à la bouche, Rida affronte la crise comme il peut. « Avec notre petit artisanat, nous, on vivote. Mais les jeunes sont tous au chômage et n’ont pas de perspective. »
Un chômage qui touche plus particulièrement la jeunesse. Beaucoup rêvent de départ. Mohamed fait partie de ces jeunes désœuvrés. Malgré sa motivation, il lui est impossible de trouver du travail. « Ma fille a un an et quatre mois, je n’ai aucun espoir de pouvoir lui permettre de faire des études. C’est terrible, ça donne envie de pleurer. Tu ne peux prendre en charge ni ta fille, ni ta femme ni ta mère ni ta sœur », déplore-t-il.
Selon des organisations tunisiennes, près de 7 000 personnes ont tenté de rejoindre l’Europe en Juillet 2021.