Au Tchad, pour faire face à l’insécurité et enrayer les conflits entre éleveurs et agriculteurs, les autorités ont décidé de lancer une campagne de désarmement.
Avec notre correspondante à Ndjamena, Aurélie Bazzara-Kibangula
La campagne a été lancée le 16 juillet dernier et se poursuit encore aujourd’hui. Objectif : récupérer toutes les armes détenues illégalement. Pour cela, une commission mixte a été mise sur pied, composée de la Gendarmerie nationale, de la Garde nationale et de Nomade et de l’Armée nationale du Tchad. Si les autorités défendent un bilan plutôt positif jusque là, les habitants de la capitale sont plutôt sceptiques.
Talkie-walkie en main, ce militaire est posté au rond point de Farcha. Quatre pick-up d’hommes en treillis, arme aux poing, bloquent la circulation de ce quartier nord de la capitale. « On fouille jusqu’à 22h, tous les véhicules. Dans le cas où la personne a l’autorisation, on lui laisse. Dans le cas où il ne l’a pas, elle est saisie », dit-il.
Les fouilles sont quotidiennes sur plusieurs axes de Ndjamena. Elles permettent de renforcer la sécurité selon Abakar, un chauffeur de taxi. Mais au volant de sa voiture, cet avocat est lui plutôt excédé : « Chaque fois que je rentre de mon cabinet à 19h, je suis fouillé. Mais ce ne sont pas des fouilles sérieuses. Ceux qui détiennent les armes savent que chaque soir, on va se faire fouiller. Qui va se promener avec des armes ? C’est une moquerie qui ne dit pas son nom. »
Les fouilles systématiques font partie de la stratégie sécuritaire, explique le général Daoud Yaya Brahim, ministre de la Défense. Une stratégie qui paye selon lui : « Cette fouille a commencé non seulement à Ndjamena mais aussi un peu partout dans le pays et ces fouilles ont donné des résultats très positifs. Nous avons présenté 1309 armes et nous doublons la ceinture pour saisir d’autres armes s’il y en a. »
Reste la question de l’origine de ces armes et de leur circulation. Les autorités affirment que les différents conflits armés et les incursions rebelles ont favorisé le trafic d’armes au Tchad. Une explication qui ne convainc pas les organisations de défense des droits de l’homme.