En Afrique du Sud, un ancien policier de l’apartheid Joao Rodrigues est décédé à 82 ans mardi 7 septembre. Il était l’unique suspect encore en vie dans l’enquête autour du meurtre d’Ahmed Timol, enseignant communiste engagé dans la lutte contre l’apartheid, et son procès ne se sera jamais vraiment ouvert. Ce qui relance le débat autour de l’extrême lenteur de la justice à traiter les crimes de cette époque.
Avec notre correspondante à Johannesbourg, Claire Bargelès
La justice a reconnu, en 2017, qu’Ahmed Timol, militant anti-apartheid de 29 ans, n’a jamais « sauté » du 10e étage du commissariat de Johannesbourg en 1971, comme le présentait la version officielle, mais a bien été poussé. Et dans ses conclusions, le juge Billy Mothle préconisait des poursuites à l’égard de Joao Rodrigues, le dernier policier à avoir vu le jeune homme en vie, dans sa cellule.
Mais les démarches se sont éternisées, suite à différentes procédures d’appel, et Joao Rodrigues n’aura finalement jamais été jugé avant sa mort, qui survient après plusieurs mois de maladie.
Blocages politiques
Pour le neveu d’Ahmed Timol, le décès de cet ancien policier amène beaucoup d’amertume et de colère, face à l’incapacité du parquet sud-africain, depuis cinquante ans, à traiter cette affaire de façon efficace.
D’autres familles de victimes de l’apartheid attendent toujours que leurs dossiers soient jugés, comme la Commission vérité et réconciliation l’avait pourtant recommandé, dans son rapport. Mais de nombreux blocages, notamment politiques, auront ralenti les procédures.
Le parquet sud-africain a toutefois promis, en juin dernier, d’accélérer le traitement de dossiers similaires, grâce à la mise en place d’une unité spéciale.