Des chercheurs à Kinshasa craignent une contamination des eaux souterraines qui pourraient avoir des effets négatifs pendant plusieurs années
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
En République démocratique du Congo (RDC), les autorités font face à une crise humanitaire dans le centre du pays après qu’un complexe minier de diamants en Angola a déversé, depuis juillet, des substances toxiques, polluant les eaux des rivières Kasaï et Tshikapa qui prennent leur source en Angola.
Les pollutions ont atteint certaines localités du sud-ouest avec, comme grand risque, que les eaux du fleuve Congo partagées en le Congo-Kinshasa et Congo-Brazzaville soient aussi polluées. Des chercheurs à Kinshasa craignent une contamination des eaux souterraines qui pourraient avoir des effets négatifs pendant plusieurs années.
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Les conséquences sur les populations locales sont déjà effectives : des eaux colorées, des poissons et des hippopotames morts… Et une suspension de l’activité d’extraction de diamant. Cette pollution des eaux des rivières Kasaï et Tshikapa est un coup dur pour les habitants d’une région déjà pauvre.
Des mesures prises
En dépit d’un appel à ne pas consommer les eaux polluées, des cas de diarrhées ainsi que des morts ont été enregistrées après ingestion de poisson.
Accusées de ne pas réagir assez rapidement, les autorités ont finalement dépêché, jeudi dernier, Eve Bazaiba, la vice-Première ministre en charge de l’Environnement qui évoque plus de 4 000 cas de diarrhée dans 13 des 18 zones de santé touchées au Kasaï. Autres conséquences, selon la ministre, des femmes présentent des éruptions cutanées et des maladies génitales.
Face à cette pollution sans précédent, le président Félix Tshisekedi a d’ailleurs demandé des humanitaires et de la communauté internationale. Eve Bazaiba, elle, assure que le gouvernement entend renforcer la desserte d’eau par la société de distribution.
La construction de forages d’eau et l’entretien des sources naturelles est également prévu. Côté pêche, Kinshasa entend favoriser le développement des activités de pisciculture.
Là où ça pose problème, c’est la restauration des écosystèmes parce que c’est toute une vie qui est mise en danger. […] On ne sait pas si c’était accidentel ou si c’était connu, mais jusque là, nous n’avons aucun feedback [retour, NDLR] non seulement pour regretté ce qui est arrivé ou bien pour nous dire de prendre nos précautions. C’est une entreprise privée sur le sol angolais. […]
Entretien avec Eve Bazaïba, ministre de l’Environnement