Deux jours après son décès du Covid-19, Hissène Habré a été enterré ce jeudi 26 août 2021 en début d’après-midi à Dakar. L’ancien chef d’État tchadien habitait depuis 31 ans au Sénégal, après avoir été renversé par Idriss Déby. C’est ici qu’il avait été condamné à perpétuité en 2016 pour crimes contre l’humanité commis durant son règne.
La cérémonie aura été discrète, sobre et solennelle. Après la prière de 14 heures, environ 200 personnes sont sorties de la mosquée omarienne située en bord de mer sur la corniche ouest de Dakar.
Le cercueil de l’ancien dictateur tchadien, recouvert d’une étoffe islamique, a ensuite été sorti de l’ambulance sur le parvis de la mosquée en travaux le temps de la prière mortuaire, explique notre correspondant à Dakar, Théa Ollivier.
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Étaient présents la famille d’Hissène Habré, des proches et sympathisants tchadiens et sénégalais, ses avocats et quelques personnalités comme des parlementaires ou l’ancien Premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye. Aucun représentant officiel actuel du Sénégal, aucun ministre n’est en revanche venu.
Puis la dépouille du défunt a été emmenée au cimetière musulman de Yoff, un quartier de Dakar, où est aussi enterré l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo depuis 1989. De nouvelles prières ont été faites avant que l’ex-chef d’État tchadien soit inhumé dans l’intimité de ses proches.
Comme le veut la tradition, aucune femme n’était présente. C’est néanmoins à la demande de l’une des épouses d’Hissène Habré que ce dernier a été inhumé au Sénégal, en attendant, un jour peut-être, sa réhabilitation au Tchad.
Les proches de l’ancien président tchadien Hissène Habré réunis pour ses funérailles à Dakar, le 26 août 2021. AFP – JOHN WESSELS
À la sortie, son fils Hamid Hissène Habré lui a rendu hommage dans une déclaration, rappelant l’engagement de son père pour une Afrique « libre, digne, solidaire et fière ». « Notre devoir, c’est de le réhabiliter et de lui rendre justice », a-t-il assuré.
Il a parlé d’un « père aimant », et s’en est pris ce qu’il a décrit comme une « injustice » : sa condamnation par une juridiction africaine. « Repose en paix, cher père, tu le mérites tellement », a-t-il conclu.
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Au Tchad, si le gouvernement avait donné son accord pour le rapatriement de sa dépouille, le pays avait refusé de lui rendre un hommage officiel en raison précisément de « ses condamnations et par respect pour ses victimes ».
Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad entre 1982 et 1990, date de sa chute, est décédé du Covid-19 à l’âge de 79 ans au Sénégal, où il avait été condamné à la prison à vie en 2016 par une juridiction spéciale instaurée en coopération avec l’Union africaine, pour crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Il avait été arrêté dans son pays d’accueil en 2013.
Aux yeux de l’un des avocats de l’ex-dictateur, le Sénégalais Ciré Clédor Ly, présent à la cérémonie, son ancien client a été « victime d’une grande escroquerie, la plus grande escroquerie judiciaire (à laquelle) l’humanité ait jamais eu à faire face ». Selon lui, l’Histoire se souviendra de son combat « contre l’impérialisme ».
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