Il y a près d’un mois, le président tunisien s’arrogeait des pouvoirs exceptionnels en vertu du « péril imminent » qu’il jugeait planer sur le pays. En l’absence de Cour constitutionnelle en mesure de statuer sur la nécessité de prolonger cette période d’exception, le président en a la seule appréciation.
Avec notre correspondante à Tunis, Amira Souilem
Démarche rigide et poing levé, Kaïs Saïed a multiplié les déplacements de terrain – souvent inopinés – ce dernier mois. Que ce soit à l’aéroport de Tunis, dans des locaux d’entreprises ou encore en pleine rue.
Il a martelé un même message : avec lui, la corruption ne passera plus. Un leitmotiv qui a entraîné plusieurs arrestations ou encore mises sous résidence surveillée de politiciens et d’hommes d’affaires. Même l’instance censée lutter contre la corruption a été la cible d’une descente de police.
Alors que l’opération « mains propres » bat son plein, le pays est toujours dans l’attente de la désignation d’un chef du gouvernement.
« En maître des horloges ».
De plus en plus, des ONG et des personnalités publiques alertent sur les dérives que cet état d’exception peut engendrer. D’autant que le délai de suspension de trente jours du Parlement risque d’être prolongé, prévoient plusieurs observateurs.
Mais comme grisé par son assise populaire, le principal intéressé ne semble pas prêter attention à ces critiques. Un magazine tunisien faisait récemment sa une en publiant une photo de Kaïs Saïed surmontée de l’expression : « En maître des horloges ».
Le chef de l’État devrait s’exprimer dans les jours qui viennent.
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