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Soudan: des réticences au transfert d’Omar El-Béchir à la CPI

Le Soudan et la Cour pénale internationale (CPI) ont signé jeudi 12 août à Khartoum un accord de coopération qui pourrait ouvrir la voie à la remise du président déchu Omar el-Béchir et de ses collaborateurs à ce tribunal. Mais il reste encore au sein de l’appareil d’État de nombreuses réticences à aplanir avant qu’El-Béchir soit livré à la justice internationale.

Après le feu vert du gouvernement soudanais, il faudra que le Conseil souverain intérimaire donne son approbation. Il devra dire s’il accepte ou non de livrer à la CPI le président déchu Omar el-Béchir et les deux anciens responsables de son régime. Selon Karim Khan, le procureur général de la CPI, ce nouveau protocole d’accord signé avec le gouvernement soudanais devrait inclure toutes les personnes contre lesquelles des mandats d’arrêts ont été émis par la CPI.

Devant la presse jeudi, Karim Khan a confié que la décision serait prise lors d’une réunion du Conseil souverain intérimaire avec le gouvernement. Mais il n’y a pas encore de date précise pour cette réunion et le procureur général de la CPI a reconnu qu’il n’avait pas obtenu des autorités soudanaises une date à laquelle Béchir serait livré. Selon l’un des avocats d’El-Béchir, « cela ne sera pas une affaire simple ».

► À lire : Soudan: vers la fin de l’impunité pour les crimes commis au Darfour

Depuis mercredi 11 août, le sujet suscite de nombreuses réactions en effet. L’armée reste réticente. Pour le mouvement islamique, le référent idéologique du Parti du congrès national déchu, cette décision est un « coup contre la justice soudanaise » et une « soumission d’un gouvernement agent à des organisations suspectes ».

Des réactions hostiles

Une partie de la population vit cette décision comme une humiliation du Soudan et exige que l’ancien chef d’État soit jugé devant la justice soudanaise. « Livrer El-Béchir est une humiliation au Soudan » est l’un des mots-clés les plus utilisés à Khartoum, mais aussi dans plusieurs pays du Golfe.

En effet, la presse soudanaise et arabe est revenue longuement sur le sujet. Nombreux sont les éditorialistes qui ont dénoncé le bien fondé de cette décision qui risque, selon eux de compromettre le Soudan, sa souveraineté et son indépendance.

Jamais la CPI « ne prendra une décision contre les responsables américains » qui ont causé des « milliers de morts civils en Irak ou en Afghanistan » regrettent certains.

Mais pourquoi alors livrer seul El-Béchir à la Cour pénale internationale et pas ses partenaires impliqués dans les crimes au Darfour, à commencer par Abdelafattah el Borhane, le président du conseil souverain et son vice-président Hmidti ? Question que pose également le quotidien Al-Qods al-Arabi.

Quant à Ra’y al Youm, quotidien en ligne, il affirme qu’el Borhane ne sera jamais inquiété : il est le parrain de la normalisation entre le Soudan et Israël. Enfin l’éditorialiste du Journal de deux Nils est catégorique : « jamais les militaires ne permettront de livrer El-Béchir ».

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