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En Afrique du Sud, l’histoire de la lutte pour l’émancipation s’écrit en centaines de statues

En Afrique du Sud, un site est dédié aux statues. Non pas 1, 10 mais 100 et peut-être un jour 400. C’est le monument, « Long March To Freedom », installé dans la ville du Cap. Des statues de bronze, réalistes et en mouvement. Elles sont positionnées par ordre chronologique pour raconter l’histoire récente de l’Afrique du Sud, depuis la première grande colonisation européenne jusqu’à l’élection de Nelson Mandela. Un monument qui honore les figures oubliées de la lutte pour l’émancipation. 

Le visiteur commence son parcours au XVIIe siècle. Nous sommes épaule contre épaule avec Autshumato. Son histoire est racontée par Sarah Haines, directrice du monument : « Autshumato fut le premier prisonnier politique sur Robben Island. Il a été interprète pour les colons Néerlandais et il entretenait une relation sur le fil entre eux et le peuple Khoï auquel il appartenait. »

La visite se termine à la fin de l’apartheid en 1994, aux côtés d’un autre illustre prisonnier de Robben Island : Nelson Mandela. Il est représenté grand, le poing levé vers le ciel. Mais à l’image des autres statues du site, elle nous surplombe mais ne nous écrase pas, explique Sarah Haines. « Nous leur avons retiré leur socle et nous les avons installées sur le sol. Nous disons : ce sont des gens ordinaires, ils ne sont pas au-dessus de vous. Vous pouvez vous tenir à leurs côtés, vous pouvez prendre des selfies et en même temps, vous apprenez des choses sur eux. »

Valery, la soixantaine, vient de remonter les 350 ans d’histoire représentés dans cette exposition. Elle recommande le voyage, surtout aux plus jeunes : « On dirait que cette histoire n’intéresse pas les jeunes générations. Ils pensent que ces personnages ne sont pas si mémorables, parce qu’ils ont pu être racistes, cruels… Mais ils n’ont pas tous été comme ça et il y a du bon dans chacun d’eux. Donc je pense que les jeunes devraient venir ici. »

Lors de notre rencontre, des étudiants de l’université du Cap ont recouvert le buste d’un ancien Premier ministre sud-africain. Une action pour « débarrasser l’espace de son héritage raciste et colonial », disent-ils. Mais pourquoi ne pas essayer de rééquilibrer l’espace, voire de le saturer avec des figures oubliées ? C’est le parti pris de Dali Tambo, créateur du monument. « J’étais choqué de savoir qu’il existe si peu de statues de Noirs, de voir que nous ne sommes pas représentés. Certaines personnes ont critiqué l’ambition du monument en prétextant que ça coûte trop cher et que c’est trop volumineux. Moi j’ai toujours voulu que ce soit une exposition unique et spectaculaire. Mais plus important encore : il y a tellement de gens qui sont oubliés dans l’histoire. »

Dali Tambo a toujours l’ambition d’atteindre le nombre de 400 statues contre 100 aujourd’hui. Les prétendants ne manquent pas. Certaines sont déjà prêtes, nous les avons vues. Mais chut : leur heure n’est pas encore venue.

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