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Afrique du Sud: Polémique sur l’implantation du siège d’Amazon

Le groupe Amazon s’apprête à construire son siège pour le continent africain dans la ville du Cap en Afrique du Sud. Le géant des services et de la livraison en ligne aura ses bureaux dans un ensemble de bâtiments composés de bureaux, magasins, logements et salles de sport. Un village dans la ville et un coup d’accélérateur pour l’économie du Cap, s’est réjouit la mairie. Elle espère jusqu’à 19 000 emplois indirects. Mais le terrain choisi est contesté par une partie de la population. Des associations dénoncent la destruction d’une zone naturelle et d’un site mémoriel, héritage des premiers peuples. Reportage au Cap de Romain Chanson.

Depuis la route, Edwin Angless, observe les aménagements en cours sur le terrain privé du River Club. Il fait partie d’une association de quartier qui se bat contre un projet immobilier de 15 hectares, projet sur lequel Amazon doit construire son futur siège africain. Il dénonce la destruction d’une zone humide importante pour l’environnement.

« C’est presque un minivillage qu’ils vont construire ici, avec les bâtiments d’habitation qui vont jusqu’à 10 étages. Et donc, cette partie verte, entre deux rivières, ils vont la remplir avec du béton, pour pouvoir construire le quartier général d’Amazon et d’autres sociétés. »

Les associations opposées au projet soulignent aussi l’importance historique du site. Le terrain fut le théâtre de guerres entre les premiers peuples et les colons. Pour Tauriq Jenkins, l’un des représentants des descendants des Khoïsan, ce projet immobilier est un sacrilège :

« Plutôt que de laisser Amazon bâtir son siège social sur notre terre sacrée, pourquoi la ville du Cap n’en ferait pas un site historique protégé et maintenu en bon état ? Un endroit où tous les Sud-Africains pourraient se rendre et dire : c’est ici que tout a commencé, c’est le site du péché originel. C’est à partir d’ici que l’on doit résoudre la question des réparations, la question des terres. Mais ce que veut en faire la ville aujourd’hui, c’est inhumain. »

Des aménagements seront consacrés à la mémoire des premiers habitants. Il n’empêche, l’obstination du promoteur à développer son projet sur ce terrain est un manque de respect, estime Camille Meyer, professeur à l’université du Cap :

« Je pense que ça met en exergue les tensions qui existent déjà : quelle est la place accordée à certaines minorités ou à certains groupes sociaux par rapport à d’autres. Là on voit vraiment une confrontation entre l’impératif économique – parce qu’il y a un impératif économique énorme en Afrique du Sud ; le taux de chômage des jeunes est catastrophique –, mais le choix du site est problématique parce que c’est un site sacré, d’une grande résonance identitaire et culturelle pour les peuples Khoïsan et ça je pense que c’est dramatique. »

Ni Amazon ni le promoteur n’ont souhaité répondre à nos demandes d’interview. La mairie renvoie à son communiqué qui met en avant la création de plus de 5 000 emplois pour la seule phase de construction.

Les travaux doivent prendre entre 3 et 5 ans.

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