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RDC: les lanceurs d’alerte de plus en plus menacés

Il y a une « multiplication des menaces, y compris sous la forme de procédures judiciaires contre des lanceurs d’alerte, membres de mouvements citoyens, organisations de la société civile et des partis politiques » en RDC. C’est le constat du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) pour le premier semestre de cette année 2021. Signe de la persistance de ces dérives : le coordonnateur d’un mouvement citoyen a entamé, dimanche 8 aout, une vie de clandestinité à cause des menaces de mort reçues depuis qu’il a émis des critiques sur la gouvernance du pays. Une affaire qui illustre le climat de menaces contre les militants.

Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa

Aaron Mukalengi Malenga n’en pouvait plus. Dans son portable, le principal coordonnateur du mouvement Engagement citoyen pour le changement (ECCHA) a enregistré des multiples appels de menace de mort ou d’emprisonnement. Certains de ses bourreaux masquent leurs identités, d’autres passent des appels, leurs numéros découverts. « Ces personnes me menacent parce que je dénonce l’inaction de leur gouvernement et les nombreuses promesses non tenues du président de la République. Ils m’obligent à me taire sinon, si je continue de parler en public sur les réseaux sociaux et dans les actions du mouvement citoyen, je vais croiser la mort. Ils utilisent des numéros masqués, des messages inconnus, ça m’inquiète ».

« Le régime actuel revient avec les mêmes méthodes »

Les menaces se sont encore intensifiées depuis que des mouvements citoyens ont organisé, jeudi dernier, une première manifestation contre la « politisation » de la commission électorale. « Rien que pour ce dimanche, je reçu 6 appels des numéros inconnus pendant que j’étais à la messe. Ils me rappellent qu’ils connaissent ma maison, ma famille et là où j’étudie, mon entourage et tout ».

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Ces genres de pratiques ne sont pas nouvelles pour le jeune activiste, âgé d’une vingtaine d’années. « Ce que nous dénonçons (c’est) que nous avons décrié ces pratiques, ces mêmes comportements dans le régime passé, le régime de Joseph Kabila, mais aujourd’hui -deux ans après l’alternance-, elles sont en train de refaire surface. Le régime actuel revient avec les mêmes méthodes, les bureaux de l’Agence Nationale des renseignements (ANR), intimidations, des appels téléphoniques masqués. Cela ne peut pas nous faire peur et nous ne baisserons jamais les bras ».

Le BCNUDH exprime des inquiétudes

Dans un communiqué, ce week-end, le mouvement ECCHA (Engagement citoyen pour le changement), juge ces menaces inacceptables. Pour un haut responsable des services de sécurité, saisi du cas, rien ne prouve à ce stade que les menaces rapportées émanent des services de sécurité. Un autre à la présidence pointe du doigt des membres des partis politiques.

Certains financent des « brigades numériques » et « répressives » sur les réseaux sociaux.

Les Nations unies surveillent de près le cas de ce militant. Le BCNUDH exprime des inquiétudes sur le risque que de tels cas se multiplient alors que le pays s’engage dans des débats très sensibles à deux ans des élections. Des débats notamment sur la nationalité et la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

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