Les cas de Covid -19 ont sensiblement baissé à travers la RDC et la capitale Kinshasa, mais les restrictions drastiques visant à stopper la propagation du virus sont maintenues. Ce qui fait grogner certaines professions : les employés des bars, discothèques et boîtes de nuits interdits de fonctionner depuis deux mois ont ainsi tenu leur premier rassemblement de protestation ce mercredi 4 août. Ils étaient des centaines au cœur du centre des affaires de Kinshasa, devant l’hôtel de ville, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un deux poids, deux mesures.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Ils sont propriétaires de discothèques, « DJ » ou serveurs en établissements de nuit ; tous arborent des t-shirts noirs pour exprimer leur ras-le-bol.
Deux mois après la fermeture de leurs activités, ils sont empêtrés dans les difficultés. Bavick, la trentaine, brandit un message sur sa banderole « Pourquoi seulement nous ?». « C’est deux poids, deux mesures parce que les églises tournent, réunissent des milliers des gens sans respects des gestes barrières, il y a même des funérailles grandioses, les grands marchés et partis politiques fonctionnent. C’est vraiment injuste, nous sommes trop frappés parce que le coronavirus ne sort pas du baffle ».
Au milieu de la cohue, Makiese, surnommé « DJ Altitude » est sidéré : « on a des familles à nourrir, des enfants à scolariser mais nous avons des poches vides .» Sa plus grande inquiétude est que « les patrons vont bientôt fermer les activités parce qu’il y a plusieurs sorties notamment en termes de loyer, taxes et autres mais aucune entrée. Les autorités nous ont vraiment oubliés ».
« Nous irons voir le Premier ministre et le président de la République »
Devant l’hôtel de ville, Ornella, l’air exténué, est dans la même situation. « Comme vous me voyez là, je suis une mère sans mari. Je prends seule en charge mes deux enfants. J’en suis déjà à deux mois sans payer le loyer et le propriétaire est sur le point de me faire déguerpir. Ouvrez – nous les boites, soyez sérieux s’il vous plait, c’est ce travail qui nous fait vivre »
Parmi les organisateurs, Cédric est le porteur du mémorandum adressé au gouverneur de la capitale. « Nous lui demandons de revoir notre cas, nous avons besoin de retourner à nos postes de travail. Cette marche d’aujourd’hui est une première étape; au cas où il n’y a pas de réponse favorable, nous irons voir le Premier ministre, nous irons voir aussi le président de la République. Les activités tournent normalement dans le pays »
Malgré la baisse des contaminations, les autorités restent prudentes. Pas question de se laisser emporter par les chiffres de l’équipe de riposte, surtout que faute de disponibilité des doses, la campagne de vaccination est suspendue depuis 4 semaines et le pays classé en « rouge » par la France à cause notamment d’une « circulation active du coronavirus » ainsi que « la présence de variant préoccupant » dans ce pays où la circulation du variant Delta inquiète.
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