La nouvelle était attendue mais la Banque mondiale le confirme dans son rapport annuel publié ce mardi matin : l’économie centrafricaine devrait entrer en récession (-0,6%,) cette année sous l’effet cumulé de la crise sanitaire et de l’offensive menée en début d’année par la coalition rebelle de la CPC. La Banque mondiale dresse un portrait de l’économie du pays, encore trop dépendante des exportations de matière première, et préconise de miser sur le « capital humain ».
Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
En 2020, l’économie centrafricaine a plutôt bien surmonté la crise sanitaire. Malgré la contraction de la demande, les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, des télécommunications se sont révélés plus résilients que prévu. Les bailleurs ont augmenté leurs appuis.
Résultat : une croissance légèrement positive. Mais qui n’a toutefois pas empêché l’augmentation de la pauvreté. « Parce qu’il faut ajuster la croissance avec l’inflation. Et là on voit une décélération. On voit qu’en termes réels, les gens ont moins de moyens pour vivre, et ça cause une augmentation de la pauvreté », explique Han Fraeters, représentant de la Banque mondiale en RCA.
Début 2021, suite à l’offensive rebelle et au blocage de la principale voie d’approvisionnement du pays vers le Cameroun, la RCA bascule en récession.
La Banque mondiale propose des solutions sur le long terme, développe Han Fraeters : « quand on dit investir dans le capital humain, on veut dire dans les secteurs sociaux – éducation, santé, nutrition… Si on regarde le pourcentage que le gouvernement investit dans les secteurs sociaux, on voit que le gouvernement centrafricain investit moins dans les secteurs sociaux que les autres pays. Et ça, c’est déjà un choix, c’est une politique. »
Selon les calculs de l’institution, la Centrafrique accuserait jusqu’à vingt-deux ans de croissance en retard. Sous l’effet des coups d’État de 2003, de 2013 ou de la pandémie de Covid, et de la dernière crise sécuritaire.
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