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«Révolution» ou «dictature»: en Égypte, la crise tunisienne divise les réseaux sociaux

Depuis quelques jours, les internautes égyptiens se livrent à un vrai duel entre partisans et adversaires du président Kaïs Saïed. Dans la Vallée du Nil, personne n’a oublié que le soulèvement des Tunisiens contre Ben Ali avait été le catalyseur de celui des Égyptiens contre Moubarak.

De notre correspondant au Caire,

Pour les partisans de Kaïs Saïed, c’est aujourd’hui l’Égypte qui est l’exemple. Une Égypte qui, selon ces internautes, s’est vite débarrassée du « cancer des Frères musulmans qui commençaient à plonger le pays dans le chaos ».

Un chaos qui a par contre frappé la Tunisie où les Frères musulmans d’Ennahda ont directement ou indirectement régné durant dix ans. Le président tunisien a procédé « une révolution correctrice réclamée par le peuple et conforme à la Constitution », écrivent-ils sur Facebook et Twitter. Twitter sur lequel les internautes égyptiens ont participé au lancement du hashtag « La Tunisie se soulève contre les Frères ».

Un sentiment de revanche transparaît : « La Tunisie était citée comme modèle démocratique et finalement elle fait comme l’Égypte », peut-on lire.

► À lire également : Tunisie: le contre-la-montre de Kaïs Saïed sur les fronts politique et économique

« Dictature en marche » et risques d’une « guerre civile »

Mais pour les adversaires du président tunisien, l’Égypte est justement le modèle à ne pas suivre. Un modèle qui a amené un pouvoir beaucoup plus autoritaire que celui de Moubarak contre lequel les Égyptiens s’étaient soulevés. C’est l’échec d’une révolution qui a fini en dictature, estiment certains internautes.

Pour les adversaires de Kaïs Saïed, le président tunisien a procédé à un coup d’État comme celui opéré par l’armée égyptienne contre le président démocratiquement élu Mohamed Morsi. Ils soutiennent le président du Parlement tunisien et chef du parti Ennahdah, Rached Ghanouchi, et appellent la communauté internationale, notamment l’Europe, à exercer des pressions pour faire échouer le « putsch ».

Ils estiment aussi que le peuple tunisien va se soulever contre la « dictature en marche » et certains mettent en garde contre les risques d’une « guerre civile ».

 À lire aussi : Tunisie: trois députés critiques du président Kaïs Saïed arrêtés

Conflit depuis les années 1950

Ainsi la Tunisie sert de prétexte à un règlement de comptes entre Égyptiens, avec les nationalistes et les libéraux d’un côté et les gauchistes et les islamistes de l’autre.

Le conflit a commencé dans les années 1950 quand l’armée et les Frères musulmans, alliés contre la monarchie, se sont déchirés pour le pouvoir après deux ans de règne commun. Un scénario qui s’est répété contre Moubarak et qui s’est terminé de la même manière : l’armée qui l’emporte et qui réprime les Frères musulmans.

Si aujourd’hui, le pouvoir égyptien contrôle directement ou indirectement les médias, les réseaux sociaux sont plus indépendants. D’où la guerre des tweets et des posts qui s’y déroule depuis des années.

► À lire aussi : Les rêves brisés des «printemps arabes»

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