Tous les yeux sont tournés vers le siège de la Conférence épiscopale du Congo. Ce midi, les leaders des huit confessions religieuses du pays doivent se mettre d’accord sur un nom de président de la Céni, poste clef pour la tenue d’élections libres et transparentes dans le pays. Le climat n’est pas des plus sereins. Et alors que les chefs des confessions se sont déjà plaints de pressions et même de menaces, ils ont vu arriver ce matin dans la cour de la Cenco des partisans de Martin Fayulu.
Avec notre envoyée spéciale à Kinshasa, Sonia Rolley
L’ancien candidat revendique toujours sa victoire à la présidentielle de 2018 et ses partisans étaient venus réclamer une Céni dépolitisée. Ils sont repartis après avoir déposé leur mémo à l’abbé Donatien N’shole, secrétaire général de la Cenco, qui a promis de le transmettre aux chefs des confessions religieuses. Une chose est sûre, ce qui se passe en ce moment même entre les quatre murs de la Conférence épiscopale peut avoir un impact majeur sur les élections de 2023.
Le président de la Commission électorale, c’est celui qui proclame les résultats provisoires. Et comme le disait l’un des partisans de Martin Fayulu, il n’y a pas une élection au Congo sans violences ni même contestation. À chaque cycle électoral, le président de la Céni a été accusé de faire le jeu du chef de l’État en place et son nom n’a jamais fait consensus, pas même au niveau des confessions religieuses.
Les huit responsables des confessions religieuses sont toujours réunis en plénière et rien n’a filtré pour le moment. Ils ont reçu à cette heure quatre candidats au poste de président…
Roger Bimwala est le candidat de l’Armée du salut, député provincial de Kinshasa pour le compte de la plateforme Toseka réputé proche du FCC et ancien candidat au poste de gouverneur. Il y a aussi Cyril Ebotoko, chef de la mission électorale de la Cenco aux dernières élections, c’était la principale mission d’observation de la société civile. Le pasteur Daniel Kawata, candidat de l’église protestante, était le Coordinateur Général de la commission de désarmement congolaise (CONADER).
Un candidat soupçonné d’être proche de la présidence
Pour les experts électoraux, c’est clair que si le président de la Céni est ouvertement soupçonné de travailler pour l’un des candidats, il sera difficile d’avoir un processus serein, voire même une élection crédible. Et aujourd’hui, comme par le passé, un candidat est soupçonné d’être trop proche de la présidence, Denis Kadima, candidat de l’église Kimbanguiste, soutenu par les Églises du réveil, et directeur exécutif de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique. Il est considéré notamment par les églises protestantes et catholiques comme trop proche du président Félix Tshisekedi. Mais à la sortie de son entretien ce dernier a une nouvelle fois démenti tout lien avec un candidat ou un autre. Il insiste pour être jugé sur son CV. C’est un expert électoral international.
Chaque candidat a dû faire une présentation d’une dizaine de minutes et répondre à des questions. Les chefs des confessions religieuses sont en conclave, ils ont jusqu’à demain pour déposer le nom de leurs candidats au bureau de l’assemblée nationale.
C’est un bras de fer qui se joue. La première manche a eu lieu ce matin au niveau du secrétariat technique, les candidats qui ne remplissaient pas les conditions exigées et notamment celle de l’indépendance devaient être éliminés. À la sortie, il n’y a pas eu de commentaires, mais les mines étaient renfrognées. Dans l’entourage d’un des responsables religieux, on se disait très loin d’un consensus.
Nous ne voulons pas la Céni avec des politiciens.
Les partisans de Martin Fayulu veulent une Céni dépolitisée