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POLITIQUE

Éthiopie: les propos du Premier ministre sur les rebelles du Tigré font réagir

La rhétorique ne cesse de s’enflammer en Éthiopie. De plus en plus de réactions surviennent après les propos du Premier ministre Abiy Ahmed. Dimanche, le chef du gouvernement a désigné le mouvement rebelle du Tigré comme une maladie ou encore une plante envahissante. Des propos que certains désignent comme des incitations à la haine.

Avec notre correspondant régional à Nairobi, Sébastien Németh

Abiy Ahmed était rarement allé aussi loin dans ses attaques verbales. Le Premier ministre a décrit le mouvement rebelle du Tigré comme « un cancer », « un Satan » dont il fallait se débarrasser, « une mauvaise herbe » qu’il fallait « déraciner » pour qu’elle « ne repousse jamais ». Une rhétorique virulente qui inquiète.

La chercheuse Lauren Blanchard décrit une « déshumanisation pour inciter à davantage de violence contre les civils ». Simon Adams, directeur du Centre global pour la responsabilité de protéger, parle lui d’un « discours de haine dangereux », surtout au moment où « les Tigréens à travers le pays sont victimes de ciblage ethnique ». Mêmes craintes du côté du Musée américain de l’Holocauste, qui dénonce « un signal d’alarme » faisant craindre des « atrocités de masse ou même de génocide ».

Certes à aucun moment Abiy Ahmed ne désigne la population tigréenne comme étant l’ennemi. Il concentre ses attaques sur ce qu’il appelle « la junte ». Néanmoins, pour le chercheur Kjetil Tronvoll, le chef du gouvernement a plusieurs fois dans le passé parlé d’une « guerre du peuple » et installé un flou dans la distinction entre leaders politiques tigréens et civils.

Dans son discours, Abiy Ahmed continue de faire référence au cessez-le-feu, en rappelant qu’il le respectait. Mais ces mots sont accompagnés de nombreuses menaces, en précisant que les « forces de défense étaient prêtes » et surtout en multipliant les références à l’unité des forces contre le mouvement rebelle du Tigré. Un renvoi aux différents groupes armés en train de mobiliser dans diverses régions du pays, en vue d’un affrontement avec les forces rebelles tigréennes. Le cessez-le-feu n’a jamais semblé aussi fragile.

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