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Soudan: l’absence d’information sur les conséquences potentielles du GERD déplorée [2/3]

Le Soudan dénonce le manque de coopération de son voisin éthiopien qui refuse de s’engager à partager les informations techniques concernant la gestion de son barrage sur le Nil Bleu. Au Soudan, ceux qui tirent directement leurs revenus du fleuve, oscillent entre craintes et confiance, mais dénoncent surtout le manque total d’information quant aux conséquences potentielles de la construction du barrage.

De notre envoyé spécial dans le Nil Bleu,

Sur les rives du Nil Bleu, une vingtaine d’ouvriers mélangent de la boue avec du fumier. Ils font de petites briques qu’ils laissent sécher au soleil, empilés comme des dominos. C’est ce qu’on appelle ici, le « toub », le principal matériau de construction dans la région.

Pour son activité, Abdallah Adam, dépend totalement des crues du Nil. « Quand le Nil déborde, il vient remplir les trous que vous voyez ici. À la saison sèche, on récupère le limon et on l’utilise dans les ateliers. Le barrage de la Renaissance nous affecte. En retenant de l’eau, il retient des sédiments. L’eau qui arrive ici est claire, elle est moins chargée en sédiments », explique-t-il.

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Ce producteur de briques dénonce l’absence totale d’information de la part du gouvernement sur les conséquences potentielles du barrage. « Nous n’avons aucune garantie. Aucune information à part ce que nous regardons sur les réseaux sociaux ou à la télévision. Tout se passe en haut, au niveau politique, nous, les gens d’en bas, on ne nous dit rien. Il y a des milliers de personnes qui travaillent ici de leurs mains. Moi, j’ai quatre ateliers. Bien sûr que je suis inquiet. Ces rives du Nil, toute notre économie en dépend », indique Abdallah Adam.

Des effets à court et à long terme

En contrebas, un pêcheur remonte ses filets sur la terre ferme. Abubakar Issa a déjà noté quelques transformations. « Pour le moment, les effets ne sont pas énormes, mais il y a un risque. Comme ils vont remplir le barrage en Éthiopie, ici les Soudanais retiennent l’eau dans les réservoirs. Il y a moins d’eau qui s’écoule. J’ai remarqué que les rochers au fond de l’eau sont enterrés, recouverts de sable. Ce n’est pas bon pour le poisson. Et lorsqu’ils ouvriront à nouveau les vannes, l’eau va arriver trop vite. Ce ne sera pas bon pour le travail. »

Sur le marché aux poissons, un autre pêcheur, Ishaq Mohammed, n’est pas d’accord. « Ici du poisson il y a en plein les étalages, pour tous les goûts. Peut-être que le barrage aura un effet, je n’en sais rien, on ne nous a rien dit à nous les citoyens ».

Difficile de prévoir exactement les effets à long terme que le barrage de la Renaissance aura pour les habitants du Nil. Une chose est sûre, peu de sensibilisation a été faite par les autorités. Le Nil représente pourtant la colonne vertébrale du pays, plus de 20 millions de Soudanais en dépendent.

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