C’est l’un des objectifs du Développement durable promus par l’ONU : éradiquer la faim dans le monde d’ici à 2030. Il ne sera pas atteint. C’est désormais une certitude. D’après les Nations unies, la malnutrition et la faim, largement alimentées par la pandémie et la crise économique, ont encore progressé en 2020. La faim chronique touche désormais près de 10 % de la population mondiale. L’Asie est la première concernée, mais la tendance est particulièrement inquiétante en Afrique.
Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche
Sur les 811 millions de personnes sous-alimentées, près d’un tiers vit en Afrique. Le continent africain est le deuxième plus touché, après l’Asie, mais il est celui où la faim progresse le plus vite.
La faim progresse en Afrique deux fois plus vite en moyenne par rapport aux autres régions. En cause figure la conjonction de la crise économique avec les conflits et les catastrophes climatiques qui ont ravagé les cultures ces dernières années. D’après le rapport, un Africain sur cinq ne mange pas à sa faim aujourd’hui. Un constat qui provoque la colère du patron du Programme alimentaire mondial, David Beasley.
« Avec tout l’argent qui a été amassé par certains, pendant la pandémie, le simple fait qu’on soit obligé […] d’implorer pour lutter contre la faim est une honte. Je suis très content que le secteur privé puisse envoyer des fusées dans l’espace… Mais bon sang, nous avons une crise ici, sur Terre… Pendant qu’on parle, des enfants meurent de faim chaque jour, 3 millions de personnes sont mortes du Covid l’an passé, 9 millions sont mortes de faim… et cela pourrait être 2 ou 3 fois plus cette année si nous n’agissons pas », alerte-t-il.
Mais même si elle était contrôlée, la pandémie pèsera encore pendant de nombreuses années sur la lutte contre la faim. En 2030, sur les 660 millions de personnes qui seront encore concernées, 30 millions le seront directement à cause des effets, à long terme, de la crise actuelle dont une grande partie en Afrique. L’Afrique pourrait alors dépasser l’Asie, pour devenir le continent avec le plus de personnes sous-alimentées au monde.
We’re heading in the wrong direction. 811M people went to bed hungry in 2020—an increase of 161M from 2019. This doesn’t include the 270M people facing crisis levels of hunger—up by 135M pre-Covid.
Do the math: That’s nearly 1M people PER DAY who slipped into hunger. #SOFI2021
— David Beasley (@WFPChief) July 12, 2021
À lire aussi : La famine multipliée par six depuis la pandémie